- Accueil
- Lutte ouvrière n°2787
- Épidémie, faillite sanitaire : un gouvernement irresponsable au service de la loi du profit
Editorial
Épidémie, faillite sanitaire : un gouvernement irresponsable au service de la loi du profit
Conseil de défense sanitaire, Conseil des ministres réuni en urgence… « Si le virus accélère, nous accélérons aussi », avait proclamé la semaine dernière Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement. En fait d’accélération, il y a surtout celle des conciliabules au sommet de l’État.
La principale mesure censée répondre à la progression de plus en plus rapide de l’épidémie, avec l’arrivée du variant Omicron, consiste à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal. Ce durcissement du dispositif du passe sanitaire, qui va restreindre encore davantage la vie de quelque cinq millions de non-vaccinés, peut-il enrayer la progression du variant Omicron ? Rien n’est moins sûr. Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement n’a jamais mis en œuvre une politique susceptible de permettre à l’hôpital de faire face à l’épidémie. Au contraire, il a continué à fermer des lits, plus de 5 700 en 2020, alors que le coronavirus se répandait, ce qui rend le système de santé encore moins capable de faire face à la situation aujourd’hui qu’au début de la vague de Covid il y a deux ans !
Faute de mettre les moyens nécessaires, le gouvernement ne cesse de jouer à la roulette russe avec la santé de la population. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a lui-même rappelé récemment qu’au plus fort de l’épidémie, il avait été demandé à des soignants positifs au virus de venir travailler dans les hôpitaux. En réalité, loin de se préoccuper de la santé publique, Macron poursuit aujourd’hui son opération de diversion consistant à reporter la responsabilité de l’épidémie sur les non vaccinés, désignés comme des boucs émissaires.
La crise sanitaire actuelle se rajoute, en l’aggravant encore, à une situation dramatique dans les hôpitaux, provoquée par les politiques de restrictions budgétaires imposées par tous les gouvernements. Mais les présidents et les ministres n’ont été eux-mêmes que des exécutants qui se sont soumis aux exigences et au parasitisme de la finance et des financiers.
Avec la complicité des gouvernements successifs, la finance a pu pénétrer de plus en plus dans les hôpitaux, qui avaient longtemps été préservés de cette logique de profit à court terme. En instaurant le paiement à l’acte, et en distinguant ainsi les soins en fonction de leur coût, on a introduit une logique de rentabilité au sein des établissements de santé. On leur a imposé de fonctionner comme des entreprises privées, avec les mêmes critères de rentabilité, avec la même gestion du personnel à l’économie, en rognant sur les effectifs et en bloquant les salaires.
La surcharge de travail, les payes insuffisantes, c’est tout cela qui explique la pénurie de personnel dont souffre l’hôpital. D’autant plus que bien des médecins, des infirmières, des aides-soignantes préfèrent aller travailler dans des cliniques et des chaînes hospitalières privées, où on leur propose des salaires supérieurs. Ces groupes privés ont connu un développement florissant en mettant la main sur les soins les plus rentables, tandis que l’hôpital public, lui, a conservé les soins délaissés par les capitalistes de la santé, la médecine des pauvres… ou le traitement des patients atteints du Covid. En effet, alors qu’on évoque actuellement une saturation des hôpitaux publics, il n’est jamais envisagé de soumettre les cliniques privées aux mêmes obligations !
C’est bien le fonctionnement du capitalisme fondé sur la recherche permanente du profit qui a conduit à la faillite actuelle du système sanitaire. C’est aussi cette logique qui s’oppose à la levée des brevets sur les vaccins, empêchant les pays les plus pauvres d’y avoir accès, mettant ainsi l’ensemble de la planète sous la menace de nouveaux variants.
L’humanité est aujourd’hui impuissante à venir à bout de l’épidémie, pour les mêmes raisons qu’elle ne parvient pas à en finir avec la crise économique, le chômage, le sous-développement et la famine. La science et le niveau atteint par les technologies permettraient de résoudre la plus grande partie de ces problèmes, y compris la crise climatique, à condition d’être soustraits au contrôle des capitalistes et à leur course au profit. En se fixant l’objectif d’exproprier la classe capitaliste pour mettre l’économie sous le contrôle de la population, seuls les travailleurs pourront apporter le remède susceptible de sauver la société de la catastrophe.
Bulletins d’entreprise du 27 décembre 2021