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Leur société
Rachats d’actions : s’enrichir en dormant
Les rachats de leurs actions par les grandes sociétés battent cette année un record. C’est la conséquence des sommes fabuleuses accumulées par ces entreprises pendant la crise sanitaire, alors que la plus grande partie de la population mondiale s’appauvrissait.
Racheter ses propres actions est pour une société l’une des principales manières de verser de l’argent à ses actionnaires. En les rachetant et en les détruisant, la société en diminue le nombre et fait ainsi monter le bénéfice par action. Les plus gros actionnaires voient donc leur fortune augmenter, et le cours en Bourse monte simultanément. Ce procédé vient en complément des dividendes versés directement aux actionnaires chaque année, optimisant la somme qui leur est versée en fonction des règlements fiscaux. Cette année, dividendes et rachats d’actions sont au plus haut dans le monde entier.
Aux États-Unis, le rythme de ces rachats d’actions s’est emballé et un total de 850 milliards de dollars est déjà évoqué. Chez Apple, la somme consacrée à ces opérations se montait fin septembre à 86 milliards de dollars, la somme la plus importante jamais enregistrée pour le groupe. Pour Google, la somme est de 50 milliards et, pour Berkshire Hathaway, le conglomérat de Warren Buffet qui a des participations dans des dizaines d’entreprise de tous secteurs, elle est de 24 milliards. Les trusts de la planète entière sont de la partie, comme Toyota au Japon ou la banque Barclays au Royaume-Uni.
En France, les rachats d’actions se montent à 9 milliards d’euros pour l’Oréal, 900 millions d’euros à la BNP-Paribas, et à 1,7 milliard chez AXA. Les banquiers eux-mêmes le déclarent, ils ont trop de capital, ils sont en très bonne santé. Mais, tandis que les actionnaires sont choyés, les salariés, eux, doivent se serrer la ceinture. Il n’est pas question de leur consacrer la moindre partie de ce fabuleux gâteau. À la BNP, la direction a refusé d’augmenter les salaires de plus de 0,6 % ; à la Société générale, la fusion de son réseau avec celui du Crédit du Nord se traduira par 3 700 suppressions de postes entre 2023 et 2025.
Grâce à ces manipulations financières et à la spéculation, les capitalistes font gonfler le montant de leurs profits bien évidemment issus de l’exploitation des travailleurs.