Campagne contre l’Unef : la réaction se déchaîne24/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2747.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Campagne contre l’Unef : la réaction se déchaîne

Une violente campagne accusant le syndicat étudiant Unef de « racisme anti-blanc » voire de « dérive fasciste », a été lancée dans les médias. Divers politiciens, des LR Ciotti et Bellamy à Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, l’ont relayée, certains réclamant la dissolution du syndicat.

Le coup d’envoi a été donné le 17 mars sur Europe 1, lors d’une interview à charge de Mélanie Luce, la présidente de l’Unef, par la journaliste Sonia Mabrouk, qui officie également sur Cnews, la chaîne accueillant Eric Zemmour. L’empêchant de développer le moindre raisonnement, la journaliste a fait avouer à Mélanie Luce, qui a des origines antillaises, que l’Unef organise parfois des réunions de militants dites « racisées », c’est-à-dire réservées à des adhérents non-blancs. Il s’en est immédiatement suivi un procès en racisme anti-blanc. Le Figaro a titré : « Unef, un syndicat à la dérive ». Bruno Retailleau (LR) a dénoncé « le séparatisme de l’Unef ». Bellamy, député européen LR, a parlé « d’une dérive raciste » avant de réclamer, comme Eric Ciotti, la dissolution du syndicat. Le ministre de l’Éducation nationale, lui, a carrément évoqué « des choses qui ressemblent au fascisme ».

La meute qui hurle aujourd’hui contre l’Unef est la même qui dénonce depuis des semaines les prétendus islamo-gauchistes qui auraient envahi les universités. Derrière ce vocable, des ministres, des dirigeants politiques ou des journalistes veulent disqualifier tous ceux qui dénoncent la campagne de Macron sur le « séparatisme » ou encore sa politique sécuritaire. Refuser la stigmatisation générale des musulmans serait pour eux de la complaisance envers les terroristes.

Cette campagne vise à faire taire les opposants et même à renverser les accusations. Ainsi, l’Unef est accusée d’avoir brièvement posté sur son compte Facebook des photos d’affiches dénonçant publiquement les propos islamophobes tenus par deux enseignants de l’IEP de Grenoble. L’Unef a retiré immédiatement les photos. Mais ce sont les professeurs qui passent aujourd’hui pour des victimes, malgré les propos plus qu’ambigus dont ils revendiquent la paternité et tandis que les adhérents de l’Unef ont été exclus de leurs cours.

On peut être en désaccord politique avec la façon dont certains adhérents ou responsables de l’Unef choisissent de réagir face au racisme et aux multiples discriminations, bien réelles, que subit toute une fraction de la jeunesse de ce pays. Séparer sinon opposer les discriminations sociales, raciales, sexistes, alors qu’elles sont alimentées et renforcées par la même exploitation capitaliste qui sévit partout sur la planète, ne pourrait mener qu’à une impasse. Il n’y a pas à séparer les opprimés selon leur genre, leur religion ou leur origine, mais à les unir pour combattre l’oppression.

Quand Blanquer ou Ciotti dénoncent le « séparatisme » de l’Unef, ce n’est évidemment pas de ce point de vue. Un Bellamy, militant catholique de Versailles, ancien de la Manif pour tous, ou un Retailleau, catholique vendéen longtemps proche de Philippe de Villiers, pratiquent depuis leur naissance la non-mixité sociale ou raciale, l’entre-soi et au fond le véritable séparatisme. Derrière leur attaque contre l’Unef, se profile une attaque contre tous ceux qui dénoncent les oppressions engendrées par cette société, qu’ils le fassent bien ou moins bien. Pour défendre l’ordre social, ses privilèges et toutes les formes d’oppression qu’il transporte, ces réactionnaires de profession sont prêts à faire feu de tout bois. Ils doivent être renvoyés à leurs ghettos dorés.

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