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- Lutte ouvrière n°2747
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Dans les entreprises
Dassault – Argenteuil : des dirigeants CGT pour le “100 % français”
Dans la bagarre entre groupes concurrents à propos du marché du Scaf, la CGT de Dassault Argenteuil a apporté clairement sur son site le soutien du syndicat aux dirigeants et actionnaires de l’entreprise.
Ainsi, le syndicat écrit : « Notre PDG est monté au créneau et nous partageons les avis qu’il a défendus : “Pour cela il faut un maître-d’œuvre industriel et technique pour que le programme soit tenu en termes de délais et de coûts. Pour le Scaf, ce rôle est revenu à Dassault Aviation.” Notre PDG devait, comme nous, sentir venir le mauvais tour allemand quand il déclarait : “Je crains plus le Bundestag que le Covid”. »
Et d’ajouter, embouchant les trompettes nationalistes pour réclamer que la construction du Scaf soit 100 % française : « Le Scaf à la sauce allemande serait une formidable machine à pomper notre savoir-faire et nos charges de travail. Attention, les Allemands ont prouvé leur talent de pilleurs de savoir-faire. N’oublions pas les débuts du Rafale dans les années 1980, […] où l’État voulait à toute fin un avion de défense en coopération avec les Anglais et où la CGT avait été le seul syndicat à défendre cet avion 100 % français ». Il conclut : « l’avion 2040 pourrait être 100 % français : tous ensemble, défendons-le ! » Et, afin de bien mettre les points sur les i, le syndicat illustre sa déclaration de l’image d’un casque à pointe prussien !
En quoi cela serait-il une garantie pour les travailleurs de Dassault ? Ils n’ont pas oublié que la construction d’un Rafale 100 % français, sous la direction d’un patron 100 % français ne les avait protégés ni des licenciements ni des pertes de salaire, tandis que la famille et les actionnaires de l’entreprise continuaient à se remplir les poches.
Alors, la défense des intérêts des travailleurs, pour un syndicat digne de ce nom, ne peut consister à chanter les louanges du PDG, à demander le bénéfice d’un marché aux dépens des travailleurs allemands ou espagnols. Les travailleurs de Dassault ne demandent pas à construire plus d’engins de mort et sont prêts à mettre leur savoir-faire et leurs compétences au service de tâches plus utiles. Un syndicat défendant l’ensemble des travailleurs devrait même avoir à cœur de poser le problème d’empêcher de nuire ce patronat qui engloutit l’argent public : combien d’hôpitaux et d’écoles pourrait-on sauver, et même construire, avec cet argent ?