Usine Seveso – Mazingarbe : irresponsabilité patronale criminelle10/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2745.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Usine Seveso – Mazingarbe : irresponsabilité patronale criminelle

L’ancienne usine Grande Paroisse, qui produisait du nitrate d’ammonium à Mazingarbe, dans le Pas-de-Calais, a été placée en liquidation judiciaire le 13 janvier dernier par le tribunal de commerce de Lille. Total l’avait cédée en 2011 au groupe espagnol Maxam, lui-même détenu par un fonds de pension américain.

Le juge avait décidé une poursuite d’activité de trois mois afin de faire nettoyer et sécuriser le site classé Seveso seuil haut. Les patrons ont fait fi de cette décision de justice et sont partis en laissant derrière eux un stock de 1 000 tonnes d’ammoniac.

Face à l’irresponsabilité totale de ces capitalistes, ce sont maintenant les 73 travailleurs du site qui tentent de faire face à ce qu’ils qualifient de bombe à retardement. Ils se relaient pour surveiller la cuve remplie d’ammoniac, substance qui sert à fabriquer des explosifs civils et des engrais. S’il se réchauffe, l’ammoniac, gaz très toxique, pourrait fendre la cuve et se répandre dans l’air ambiant. Une simple fuite entraînerait alors une véritable catastrophe industrielle dans un rayon estimé à quatre kilomètres autour du site. Pas moins de dix communes seraient touchées et 62 500 habitants pourraient être exposés.

Dans ce contexte, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, s’est contenté de faire part de son impuissance en déclarant aux travailleurs que les risques environnementaux n’étaient pas de la compétence de la région et qu’il avait adressé un courrier à la ministre de l’Industrie pour l’alerter sur ce dossier.

Les travailleurs sont bien conscients qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour protéger la population alentour. Alors ils tentent de vider la citerne en urgence en renvoyant l’ammoniac chez le fournisseur avant la date butoir du 13 avril fixée par le tribunal de commerce, qui pourrait décider une prolongation d’activité afin de leur permettre de terminer l’opération de sécurisation.

Pour l’heure, il n’y a qu’une certitude : si la population locale échappe finalement à la catastrophe, ce sera aux travailleurs et à eux seuls qu’elle le devra.

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