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Dans le monde
Migrants : le scandale des refoulements
Officiellement, une enquête sur Frontex n’a pas pu établir le rôle que cette agence européenne des gardes-frontières et gardes-côtes aurait joué lors de refoulements illégaux de migrants en mer Égée dénoncés par des ONG.
Un rapport réalisé par un groupe de travail rassemblant des représentants d’institutions et d’États européens, créateurs de Frontex, met ainsi cette agence hors de cause. Pourtant, personne ne peut ignorer que ces refoulements sont courants. Des interviews, des rapports de gardes-côtes turcs recensent des cas par centaines : les ONG, dont Mare liberum, qui estime à 10 000 ces expulsions illégales en 2020, disposent d’un matériel accablant pour les autorités locales et européennes. De nombreux journaux ont rapporté les récits de migrants dont l’embarcation, attachée à un bateau garde-côtes, a été relâchée sans moteur et poussée vers les eaux turques alors qu’elle était déjà entrée dans les eaux territoriales grecques.
D’autres migrants, déjà débarqués, ont été réexpédiés vers la Turquie, au mépris de leurs droits à déposer une demande d’asile. Les autorités s’en prennent aux bateaux de sauvetage des ONG : le 5 septembre, un équipage de Mare liberum a vu la police monter à bord et confisquer téléphones et ordinateurs.
Le gouvernement grec de Mitsotakis qui, dès son arrivée au pouvoir, a fait adopter une loi durcissant l’obtention de l’asile, soutient qu’il ne fait qu’exercer une surveillance plus active aux frontières maritimes ou terrestres. Il dénonce une collusion des ONG avec le gouvernement turc, leur complicité avec les passeurs, leur manipulation de l’information.
Il n’est pas le seul à employer tous les moyens pour se débarrasser des réfugiés. En Italie aussi les ONG ont vu leurs bateaux arraisonnés, leurs militants accusés de faire le jeu des passeurs, et de nombreux migrants ont été refoulés.
Mais, derrière les pays en première ligne, on trouve les gouvernements européens les plus riches, qui utilisent les pays du sud comme garde-chiourmes et payent le gouvernement réactionnaire d’Erdogan pour parquer les migrants. Ce sont eux les commanditaires qui payent et contrôlent Frontex, dont l’action consiste au mieux à détourner le regard devant les exactions des polices locales, au pire à donner un coup de main à la chasse antimigrants.