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Dans les entreprises
Olivier Dassault : “capitaine” de ses propres intérêts
Après l’accident d’hélicoptère qui a coûté la vie à Olivier Dassault, les éloges se sont multipliés dans les rangs gouvernementaux. Castex a vu en lui un « entrepreneur visionnaire », et Macron un « capitaine d’industrie [qui ne] cessa de servir le pays, d’en valoriser les atouts. »
Ces qualificatifs n’ont pas manqué de provoquer des sourires et ont beaucoup surpris les travailleurs de l’usine d’Argenteuil, et probablement ceux des autres sites de production de Dassault Aviation. Car le rejeton de la famille, à l’instar de ses autres membres, n’était connu que comme étant actionnaire. Ses « visions », son « capitanat » se résumaient à encaisser les dividendes, non à diriger une quelconque entreprise du groupe. Olivier Dassault ne devait sa relative notoriété qu’au fait d’être le petit-fils préféré du patriarche de la famille, Marcel Dassault.
Olivier hérita directe- ment à la mort de son grand-père du poste de député de la première circonscription de l’Oise, chasse gardée de la famille Dassault par la grâce du parti gaulliste depuis plus d’un demi-siècle. Il reprit également les méthodes de son aïeul afin d’assurer son élection : en période électorale, Marcel signait les chèques tandis qu’Olivier remboursait les achats à la sortie des hypermarchés ; quant à Serge, chacun connaît les méthodes qu’il utilisait pour se faire élire à la mairie de Corbeil-Essonnes. Une tradition familiale solidement ancrée donc.
À la mort de son père Serge Dassault, la famille ne voulut pas laisser à Olivier le poste de PDG de l’entreprise Dassault Aviation qu’il revendiquait de longue date, faisant barrage à ce golden boy des beaux quartiers qu’il connaissait d’autant mieux qu’il faisait partie du clan. Il n’en continua pas moins à toucher les confortables rémunérations ainsi que les avantages en nature issus du travail des salariés du groupe.
D’Olivier Dassault, les travailleurs de l’entreprise ne retiennent pas l’image d’un « entrepreneur visionnaire » ni d’un « capitaine d’industrie », mais d’un des éléments d’une équipe de profiteurs. Au travers, entre autres, de la vente de leurs avions de combat, ceux-ci ont su tirer partie de leurs relations privilégiées avec un appareil d’État tout à leur service. Et c’est bien ce capital personnifié que responsables politiques et commentateurs se sont empressés de saluer.