Irak : le pape, menteur par omission10/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2745.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : le pape, menteur par omission

Lors de sa visite en Irak qui s’est terminée le 8 mars le pape a dénoncé les « barbaries insensées » commises par les milices de l’organisation État islamique, à Mossoul, là même où, en 2014, les djihadistes avaient décrété leur « califat ».

Le pape, comme toujours, s’est présenté en messager de paix, particulièrement préoccupé du sort des chrétiens d’Irak, souhaitant leur retour et celui de la paix interreligieuse. Mais les persécutions et les heurts entre religions, le calvaire subi par la population irakienne, n’ont pas commencé en 2014 avec la conquête par l’État islamique d’un territoire à cheval entre la Syrie et l’Irak. Ils ont commencé bien avant.

Depuis 1991, deux guerres successives menées par les États-Unis et ses alliés ont ravagé le pays. En 2003 commençait l’occupation par les troupes impérialistes, en fait une véritable guerre contre la population, qui dure encore. Au total 500 000 morts furent recensés dont une majorité de civils, morts sous les bombardements, mais aussi en raison de la situation sanitaire désastreuse ou encore du manque de nourriture.

Les conséquences politiques furent tout aussi terribles. Le vide laissé par la destruction de l’appareil étatique de Saddam Hussein par les forces d’occupation anglo-américaines entraîna en effet le développement d’une multitude de milices luttant pour le pouvoir. Créant et attisant les haines interreligieuses dans ce pays où les différentes confessions étaient habituées à coexister, cette situation a abouti à des massacres, dont ceux des chrétiens d’Irak qui pour beaucoup ont dû fuir le pays.

Les larmes du Pape sur la situation des chrétiens d’Irak, ses appels à rétablir la paix interreligieuse et la concorde civile au milieu de ce champ de ruines, reviennent à faire croire que tout dépend seulement maintenant de quelques hommes de bonne volonté. C’est surtout contribuer à étendre un voile blanc sur toutes les responsabilités passées et finalement les absoudre.

Au contraire, il faut que le peuple irakien, tôt ou tard, réussisse à régler ses comptes avec tous les fauteurs de massacres, y compris les dirigeants de l’impérialisme qui ont procédé à ces guerres destructrices.

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