Forges de Bologne : 0 % d’augmentation, une provocation10/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2745.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Forges de Bologne : 0 % d’augmentation, une provocation

Après un premier rassemblement d’environ 200 personnes jeudi 25 février dans l’usine des Forges de Bologne, en Haute-Marne, une centaine d’ouvriers ont fait grève plusieurs heures mardi 2 mars, soit un tiers des présents sur le site à cette heure-là. La solidarité avec ce débrayage allait cependant bien au-delà, et cela s’est ressenti sur la production.

L’annonce de la « proposition » de la direction du site d’accorder 0 % d’augmentation a fait déborder le vase. Le mécontentement est d’autant plus grand que les plus hauts cadres, eux, ne sont pas soumis au même régime. « La direction nous avait dit qu’elle nous remercierait pour avoir travaillé pendant le Covid. Des mercis, elle en a plein la bouche, mais nous, on attend autre chose ! »

Le prétexte avancé par la direction est « la mauvaise santé du site », ce qui n’a pas convaincu les travailleurs, puisque le groupe LISI, propriétaire des Forges, affiche de confortables profits de 41,5 millions d’euros, dont 37,8 millions d’euros pour la seule branche aéronautique.

Les participants au rassemblement avaient d’autant plus envie de se faire entendre que l’avenir est incertain. Le chômage partiel continue, les intérimaires ont été renvoyés, et l’usine ne compte déjà plus que 580 salariés, contre 730 avant la crise sanitaire. Cette incertitude est renforcée par la perspective du déménagement à Chaumont dans les années qui viennent. Avec ce déménagement à moins de 20 kilomètres, la direction gagne un site tout neuf payé en grande partie par les fonds publics, et a annoncé qu’il y aurait sans doute moins de 500 salariés une fois le déménagement terminé.

Cette grève n’a pas permis d’obtenir une augmentation, la direction s’étant contentée de parler d’une nouvelle prime « anti-accidents » : une prime qui serait dégressive en fonction des accidents comptabilisés par atelier. Cette proposition est vécue comme une provocation : les accidents sont fréquents et cela revient à culpabiliser les futurs accidentés.

En tout cas, ce qui domine aujourd’hui est la fierté d’avoir relevé la tête. Dix ans se sont passés depuis la dernière grève, mais maintenant, ce qui se dit c’est que « la paix sociale, c’est terminé ».

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