Le vert de l’espoir, mais pour qui ?01/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2709.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le vert de l’espoir, mais pour qui ?

L’arrivée à la tête de grandes villes de maires écologistes, qui promettent de lutter contre la pollution et de faire de la politique autrement, peut susciter quelques espoirs parmi ceux qu’inquiètent les épisodes de canicule ou les pics de pollution. Mais peuvent-il réellement mener une autre politique ?

Les nouveaux élus écologistes seront « des élus humbles » et « sans aucune arrogance dans la bouche », a promis Pierre Hurmic, nouveau maire de Bordeaux. Ils circuleront peut-être à vélo, comme le fait déjà à Paris Anne Hidalgo, socialiste écolo-compatible. Ils multiplieront les pistes cyclables et interdiront la circulation automobile pour réduire la pollution, mais sans aller jusqu’à se mettre à la place des travailleurs obligés d’aller travailler dans des zones industrielles lointaines. Ils mettront sans doute en place des circuits courts, avec des produits bio et des jours sans viande dans les cantines scolaires municipales. Mais comme cela coûte plus cher, pour le financer, ils réduiront des activités périscolaires ou supprimeront des postes dans les bibliothèques ou les piscines municipales.

Car les budgets des municipalités sont contraints, avec des dépenses fléchées et imposées et des dotations de l’État de plus en plus rognées. Ainsi Éric Piolle, élu maire écologiste de Grenoble en 2014, a supprimé 150 postes d’employés municipaux, fermé trois bibliothèques et des structures municipales dans des quartiers populaires. En vert ou en rose, quand on cherche à « faire mieux avec moins », ce sont les travailleurs qui trinquent. Les maires qui acceptent de gérer leur commune sans sortir du cadre légal, sans chercher à mobiliser la population, sans imposer aux grandes entreprises de payer, sont inéluctablement amenés à tailler dans les services utiles à la population. Or les nouveaux maires écologistes défendent tous cet ordre social.

Accusés par Gérard Collomb, rallié à la droite, d’être des « khmers verts », c’est-à-dire des idéologues hostiles aux affaires et à l’économie, les écologistes lyonnais ont multiplié les déclarations d’amour aux entreprises. « L’écologie n’est pas l’ennemie de l’économie, c’est sa meilleure alliée », a déclaré Grégory Doucet, nouveau maire de Lyon. « Nous voulons faire la transition écologique avec les entrepreneurs », a renchéri le futur maire EELV du 8e arrondissement.

Autrement dit, les grandes entreprises du BTP, choyées sous le mandat de Collomb, n’ont rien à craindre. Le futur président écologiste de la Métropole de Lyon pourra continuer d’arroser, à travers les pôles de compétitivité et les subventions diverses, l’industrie pharmaceutique, chimique ou métallurgique, sous réserve que les projets soient labellisés « durables » ou « économes en carbone ». Entre se soumettre aux capitalistes et les renverser, il n’y a pas d’alternative.

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