École et coronavirus : une absence de moyens encore plus criante

22 Avril 2020

Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, a annoncé le 21 avril devant l’Assemblée ce qu’il appelle un plan pour le retour des jeunes à l’école le 11 mai. Les membres du gouvernement se relaient depuis le 13 avril pour verser des larmes de crocodiles sur les élèves en difficulté, ceux des quartiers et cités pauvres, les 5 % de « décrocheurs ».

Aucun n’a été avare de discours pour justifier une réouverture des établissements scolaires destinée surtout à répondre aux vœux du patronat : les élèves à l’école pour que les parents retournent à l’usine. Mais cela fait des années que tous les gouvernements se dés­intéressent des conditions dans lesquelles étudient les jeunes, en particulier ceux des classes populaires, car leur objectif est de faire le maximum d’économies.

Il serait question d’une rentrée par classe d’âge. Les plus jeunes, les premiers à retourner en classe, seraient « soit en cours, soit en enseignement à distance, soit à l’étude, soit en activité physique à l’extérieur. » Il s’agit de « grands principes » a déclaré Blanquer sans rire. Mais quels moyens seront mis en œuvre pour que tout cela se fasse dans des bonnes conditions sanitaires ? Blanquer a évoqué la possibilité de constituer des groupes de 15 élèves. C’est ce que l’on appelle des « petits groupes » qu’il faudra faire tenir, en maintenant les distances nécessaires, dans des locaux trop souvent exigus. Le ministre compte se reposer sur les municipalités, comme il l’a dit très clairement : « La doctrine nationale est claire, mais des marges de manœuvre sont données au niveau local pour ce qui est de l’adaptation sur le plan physique des modalités ».

Une telle phrase pourrait illustrer dans un manuel scolaire ce que signifie l’expression langue de bois. Mais que devront faire les communes, construire en deux semaines des locaux adaptés, pousser les murs ? L’enquête réalisée par l’observatoire de la sécurité des établissements, du 11 au 15 mars sur plus de 6 000 écoles et 1 900 collèges et lycées, indique que 25 % des écoles et 22 % des collèges et lycées ne disposent pas d’un nombre suffisant de points d’eau.

Le problème des jeunes en difficulté dans leur apprentissage n’est pas nouveau. Le confinement aura aggravé les choses, c’est une évidence. Mais qui a diminué de manière drastique le recrutement d’enseignants, qui a imposé des réformes dont l’objectif est de diminuer le nombre de cours de matières générales en particulier ? Qui a diminué le nombre de conseillers d’éducation, d’orientation, d’assistantes sociales ? Et pourquoi ?

Pour le gouvernement, celui-ci comme ses prédécesseurs, l’éducation n’est absolument pas une priorité en ces temps d’épidémie, pas plus aujourd’hui qu’hier.

Aline RETESSE