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- Lutte ouvrière n°2699
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Guadeloupe : pour les ouvriers de la banane, les conditions de travail aggravées
Depuis le 17 mars, début du confinement, en Guadeloupe les planteurs obligent les ouvriers à continuer le travail sur les plantations. Ils n’ont pas peur du ridicule en affirmant que l’exportation de banane dessert est « vitale pour la nation » !
Ces « grands sauveurs de la nation », en réalité sauveurs de leurs profits, ont été démasqués par les travailleurs qui ont protesté contre la poursuite de l’activité et les conditions d’hygiène propices à la propagation du virus.
Ce n’est qu’après plusieurs débrayages que certains gros planteurs ont daigné fournir du gel hydroalcoolique, des gants et des masques bas de gamme. Ces masques antipoussière jetables ne garantissent aucune norme de protection et glissent sur le visage des ouvriers. Quant aux gants en latex, ils sont inadaptés aux travaux agricoles et se déchirent rapidement. Récemment, les planteurs ont fourni une prétendue nouvelle protection, la visière, qui est elle aussi inadaptée aux conditions extérieures difficiles des plantations.
La réalité est qu’il n’est pas possible de respecter les « mesures barrières » dans les plantations. Pour la récolte, au moins deux travailleurs proches l’un de l’autre sont nécessaires pour la coupe et la récupération des régimes de banane. Pour d’autres travaux dangereux comme la pose des « cirés » (sacs en plastique enveloppant les régimes de bananes), le respect de la distanciation sociale aggrave les risques pour les travailleurs qui se trouvent isolés dans les parcelles. Dans les hangars, la promiscuité et l’insalubrité règnent.
Comment les planteurs qui « en temps normal » mettent en danger la vie des ouvriers avec les pires conditions de travail pourraient-ils garantir leur sécurité aujourd’hui ? Ce serait rêver !
Ces patrons dangereux sont aussi peu reconnaissants vis-à-vis des ouvriers qui poursuivent l’activité. Alors que le ministre de l’Économie a annoncé une prime de 1 000 euros pour les salariés qui ont travaillé pendant le confinement, le directeur de la plantation SA Bois-Debout, la plus grande plantation en Guadeloupe, a expliqué que sa « reconnaissance » vaut 150 euros. Depuis le début du confinement, les ouvriers ne se laissent pas faire. Ils refusent de se mettre en danger pour un travail non essentiel à la société. Certains, comme sur la plantation SA Bois-Debout, font valoir leur droit de retrait.