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Espagne : catastrophe sociale et mesures pour les riches
La pandémie a maintenant fait plus de 20 000 morts en Espagne. Pedro Sanchez, dirigeant du Parti socialiste et du gouvernement dit de « progrès » avait incité à ne pas laisser l’économie en « hibernation » et avait ouvert la porte à une reprise des activités, annonçant que le lundi 14 avril, il y aurait des masques dans les métros et les gares pour ceux qui se rendraient au travail.
Si le lundi 14 il y avait bien des masques, le mercredi, les chauffeurs de bus de Séville, par exemple, n’en avaient déjà plus. La situation sanitaire nécessiterait des mesures de réquisition pour produire ce qui est nécessaire, pour planifier, contrôler les prix. Rien de cela n’a été décidé, sinon pour des effets d’annonce. Le pouvoir se range en réalité au service des banques et des grandes entreprises.
Le gouvernement a certes annoncé qu’il n’y aurait pas d’expulsions pour loyer non payé, ni de coupure d’électricité, et il discute de la mise en place d’un revenu mensuel minimum de 450 euros pour chacun, qui serait effectif en juin.
Ces mesures sont dérisoires au regard des « aides » destinées aux grandes entreprises. On les chiffre à 65,7 milliards pour les banques, à 4 milliards pour les sociétés d’autoroutes entre autres, tandis que le revenu minimum annoncé coûtera 5,5 milliards sans écorner la fortune des capitalistes.
Exemple de cette dissymétrie, la ministre communiste du Travail Yolanda Diaz a redit que « les licenciements sont interdits » alors que, depuis la pandémie, un million de travailleurs ont perdu leur travail et que de nombreuses entreprises continuent à licencier. Et à la question « Comment vont être payés les crédits aux entreprises ? » elle répond candidement « par les impôts ». En même temps elle félicitait le PDG de Zara, première fortune d’Espagne, pour ne pas avoir fait appel au chômage partiel dans ses entreprises. Ce même PDG annonçait un bénéfice net de 2,7 milliards avant l’épidémie et son « civisme » ne l’empêche pas de placer des millions dans les paradis fiscaux.
Quasiment toutes les grandes entreprises, elles, ont utilisé le chômage partiel et fait payer le confinement par l’État.
Il y a en fait maintenant 7 millions de chômeurs en Espagne : 3,5 millions l’étaient avant la pandémie et 3 millions sont en chômage partiel. Payés par l’État à 70 % de leur salaire brut, ils craignent pour le futur. Enfin 500 000 travailleurs, non-inscrits, sont sans ressources. Il s’y ajoute 3 millions de petits commerçants et auto-entrepreneurs, qui risquent de se retrouver en faillite car les maigres aides promises ne sont que des prêts bancaires, pas toujours acceptés, et qu’il faudra rembourser.
Au sein du Parti socialiste, on parle de nationalisations nécessaires. Du côté de Podemos, son dirigeant Iglesias multiplie les références à De Gaulle, Churchill et au New Deal, et les politiciens de tous bords invoquent « l’unité nationale ».
À ce propos il est aussi fait référence au pacte dit de la Moncloa, signé en 1977 après la mort de Franco par tous les partis, du Parti communiste aux franquistes, pacte qui, avec l’appui des syndicats, avait fait taire les revendications ouvrières... pour « construire ensemble la démocratie ».
Les discours pour appeler aux « efforts communs » se multiplient. Mais la réalité vécue par les travailleurs est tout autre. C’est notamment ce qu’ont osé dire, à leur façon un groupe de femmes de Cadix qui, bravant le confinement, ont brandi devant la mairie des pancartes sur lesquelles on lisait : « Vos enfants mangent, les nôtres non ».
Il faut souhaiter que ces manifestations s’étendent à l’ensemble du monde du travail, pour exiger des comptes, pas seulement du gouvernement mais de ces exploiteurs, assis sur leurs milliards, qui sont des responsables et des profiteurs de la crise qui s’approfondit.