Des mesures similaires ont été appliquées en Corée du Sud en mars et en Allemagne en avril et elles semblent bien avoir considérablement limité le développement de l’épidémie. Elles n’ont pas pu être appliquées en France car rien n’avait été anticipé et il y avait pénurie de tests et de masques.

Ces pénuries ne sont pas réglées et rien ne garantit qu’elles le seront pour le 11 mai. La situation des masques reste caricaturale. Le premier ministre a expliqué que l’État parvient enfin à satisfaire les besoins hebdomadaires des soignants mais qu’il n’est toujours pas question d’en avoir pour les malades. Une production de masques « grand public » serait lancée pour permettre à la population d’en disposer… après le 11 mai. Le gouvernement prétend toujours s’appuyer sur les recommandations des scientifiques, mais aucune preuve scientifique de l’efficacité de tels masques n’existe.

Le confinement actuel est très imparfait. Le virus continue à se répandre dans les structures d’habitation collective comme les Ehpad ou les foyers d’hébergement. L’activité industrielle, selon le Premier ministre, n’a diminué que de 43 % ; cela signifie qu’un grand nombre de productions non indispensables ont continué et beaucoup d’entreprises veulent redémarrer le plus vite possible. Tout cela favorise la circulation du virus aujourd’hui et risque d’entraîner une nouvelle explosion de la maladie au moment du déconfinement.

La question des transports publics paraît tout aussi inquiétante. Ils sont indispensables pour retrouver une activité économique normale mais ils sont bien souvent saturés. Pour le déconfinement, rien n’est prévu en dehors du port du masque grand public obligatoire. On pourra donc s’entasser dans les bus et les métros avec des masques peu efficaces.

Comme l’a souligné Edouard Philippe dans son intervention, il reste beaucoup d’inconnues à propos du Covid-19. Il est possible que l’épidémie s’éteigne d’elle-même avec les beaux jours pour ne revenir qu’à l’automne, comme il est possible qu’elle flambe de nouveau rapidement.

Mais on a vu aussi que la sensibilité du gouvernement aux impératifs patronaux et son imprévoyance ont eu de graves conséquences quand l’épidémie est arrivée en France. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, le déconfinement risque lui aussi de mal tourner, si le virus se montre aussi virulent qu’on peut le craindre maintenant.