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La société en crise
Amazon : méthodes de requin
Lundi 13 avril, le tribunal judiciaire de Nanterre a jugé qu’Amazon « a de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés ».
Il lui a ordonné de se limiter à la vente de produits essentiels, le temps d’évaluer les risques sanitaires de son activité dans les entrepôts, sous peine d’amende de 1 million d’euros par jour et par infraction constatée.
Cette décision rend justice aux salariés d’Amazon qui dénoncent depuis des semaines leurs mauvaises conditions sanitaires, notamment au sein des entrepôts où les articles sont stockés, emballés et expédiés. À New York, des travailleurs ont manifesté dans leur entrepôt pour exiger qu’il soit fermé et nettoyé, après que plusieurs salariés ont été testés positifs. En France, des débrayages ont eu lieu et des livreurs ont dénoncé l’explosion des livraisons de produits non essentiels, comme les jeux vidéo ou les vêtements.
Dès l’annonce de la décision du tribunal, Amazon a fait appel. Le lendemain, le géant américain a annoncé la fermeture de ses six entrepôts français pour au moins cinq jours, officiellement pour les nettoyer et évaluer les risques sanitaires. Mais il s’agit surtout d’une tentative de faire pression sur les autorités en procédant à un véritable lock-out. La fermeture des entrepôts lui a aussi permis d’afficher une baisse temporaire de 70 % de son chiffre d’affaires et de bénéficier du chômage partiel pour ses 10 000 salariés de France. Dimanche 19 avril, Amazon a d’ailleurs prolongé de deux jours cette fermeture.
Quant à l’interdiction – provisoire – de vendre ses produits non essentiels, Amazon a déclaré que cette décision ne l’empêcherait pas de continuer à livrer ses clients français via ses entrepôts situés à l’étranger. En temps normal, l’entreprise livre déjà 30 % des marchandises en France via ses entrepôts d’Espagne, du Royaume-Uni ou d’Allemagne. Elle va donc simplement augmenter les cadences dans les entrepôts de ces pays, au mépris de la santé de ceux qui y travaillent.
La décision de la justice française a eu le mérite d’attirer l’attention sur le cynisme et l’irresponsabilité de ce grand groupe capitaliste. Mais, pour les profits de ses actionnaires, ce n’est même pas une égratignure.