Brésil : le président et le virus22/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2699.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : le président et le virus

Jeudi 16 avril, Bolsonaro, le président brésilien d’extrême droite, a limogé son ministre de la Santé qui défendait trop fort, à son goût, les mesures de confinement contre le Covid-19. Pourtant, officiellement, le virus a tué 2 500 personnes dans le pays et en a touché 40 000. Et un collectif de chercheurs universitaires estime que les cas seraient quinze fois plus nombreux.

Depuis le début de l’épidémie, Bolsonaro fait tout son possible pour nier ou minimiser le danger. Il s’agit pour lui d’une « petite grippe », qui ne doit pas perturber le fonctionnement du pays. Pour le démontrer, il multiplie les bains de foule et encourage ses partisans à défier comme lui la contagion. Une campagne de publicité, sur le thème « Le Brésil ne peut pas s’arrêter », tente de mobiliser travailleurs et petits commerçants contre la quarantaine et pour le maintien coûte que coûte de la production.

Mais le virus est plus convaincant que le président. Le 19 mars, Twitter a effacé deux de ses vidéos qui attaquaient le confinement. Les autorités de Sao Paulo, épicentre de l’épidémie au Brésil, mais aussi de Rio, ont imposé de larges mesures de quarantaine, appuyées par la plupart des médias et les clubs de foot. Quant à la population, elle manifeste tous les soirs son désaccord par des concerts de casseroles et des projections de slogans anti-Bolsonaro sur les murs des immeubles.

L’épidémie est une menace mortelle dans les favelas et les quartiers populaires, où les conditions d’existence sont proches de celles du tiers-monde. Les riches ont dans leurs quartiers l’eau potable, les égouts, de l’espace, des cliniques, des services hospitaliers de pointe. Les pauvres vivent entassés, sans assainissement, bien souvent sans eau, à la merci d’un système de santé désorganisé par des années de coupes budgétaires. 100 millions de Brésiliens sur 210 vivent avec moins de 100 euros par mois. Ils sont périodiquement victimes de la dengue, du choléra et de multiples épidémies et contagions. Ils risquent maintenant leur vie avec le Covid-19.

Quand le gouvernement prend des mesures concernant la crise sanitaire, c’est pour autoriser les patrons à suspendre pour quatre mois les contrats de travail des salariés, sans aucun salaire. En revanche, il parle d’un plan de 400 milliards d’euros pour aider les entreprises à franchir ce mauvais pas.

Contre le Covid-19, à l’instigation sans doute de ses amis évangélistes, Bolsonaro a un jour préconisé le jeûne. Mais il n’est pas question pour lui de faire jeûner les bourgeois.

Partager