Gabon : une dictature sous contrôle Total09/01/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/01/2632.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gabon : une dictature sous contrôle Total

Un petit groupe de militaires a tenté de s’emparer du pouvoir au Gabon dans la matinée du 7 janvier. Ce coup d’État avorté n’a duré que quelques heures avant que l’armée ne rétablisse le pouvoir du président Ali Bongo, dont le clan règne sur le pays depuis 51 ans, pour le plus grand profit des trusts français et de Total en particulier.

Les membres jusque-là inconnus de la garde présidentielle qui s’étaient emparés de la radio-télévision gabonaise pour y appeler au soulèvement pensaient que leur heure était venue, tandis qu’Ali Bongo est hospitalisé au Maroc depuis plus de deux mois. Victime d’un AVC, il est apparu à la télévision le 31 décembre fortement diminué, et la course semble ouverte à sa succession.

Le gouvernement français s’est empressé de condamner le coup d’État et d’appeler au « strict respect de la constitution », en fait un chiffon de papier dont tout le monde se moque, à commencer par le président. Les élections, toujours truquées en faveur du clan au pouvoir, ne sont qu’une mascarade. En 2016 le principal opposant, Jean Ping, n’avait été battu que de 6 000 voix malgré de multiples fraudes, après quoi les forces de sécurité avaient donné un assaut sanglant au siège de son parti. Les dirigeants de l’impérialisme français, qui un moment avaient semblé soutenir Jean Ping, avaient pris acte du fait que ce personnage n’était pas le bon cheval et François Hollande s’était alors rallié à Bongo, se contentant d’appeler à l’apaisement après le massacre.

Le Gabon est depuis toujours une des chasses les plus férocement gardées de l’impérialisme français. Le rôle dévolu par de Gaulle à ce petit pays était de remplacer l’Algérie perdue comme source de pétrole pour les trusts français, et il fut d’emblée dirigé d’une main de fer depuis Paris. Les émissaires des gouvernements français ont tissé la trame des successions présidentielles, du premier président Léon Mba à Omar Bongo, puis à son fils Ali Bongo, et l’armée française est intervenue quand il le fallait pour les protéger. Elle conserve aujourd’hui encore au Gabon une de ses plus importantes bases militaires d’Afrique.

Derrière Total, vaisseau amiral des trusts français dans ce pays où les hydrocarbures représentent 80 % des exportations, se pressent les filiales des grands groupes de l’Hexagone : Bouygues dans les travaux publics, Bolloré pour les ports, Eramet pour le manganèse. La seule condition imposée par les gouvernements gabonais pour perpétuer ce pillage a toujours été d’en laisser quelques miettes au clan au pouvoir, une toute petite partie des profits que leur permet l’exploitation des ressources du pays. Cet argent détourné a permis au clan Bongo de se constituer une fortune colossale au regard de la misère qui règne dans les bidonvilles entourant la capitale ou la ville pétrolière de Port-Gentil.

C’est cet état de fait que veulent perpétuer les dirigeants de l’impérialisme français. Ce n’est pas l’épisode manqué du 7 janvier qui empêchera que l’évolution du régime au Gabon continue à se faire sous leur contrôle.

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