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Leur société
Les femmes manifestent
Dimanche 5 janvier, au lendemain de l’acte VIII du mouvement des gilets jaunes qui a rassemblé plus de 50 000 personnes, des manifestations de femmes gilets jaunes ont eu lieu un peu partout dans le pays.
Elles se sont rassemblées en lançant des « Macron t’es foutu, les bonnes femmes sont dans la rue » à Paris, portant des pancartes à Montceau-les-Mines où on pouvait lire : « Je suis une fille et je ne veux pas d’enfant dans ce monde-là. » À Toulouse, elles étaient derrière une banderole : « Précarisées, discriminées, révoltées, femmes en première ligne.»
Depuis le début du mouvement, de nombreuses travailleuses jusque-là invisibles se sont montrées parmi les plus militantes, prenant en main l’occupation des ronds-points et l’organisation des manifestations. Des ménagères, des retraitées aux pensions dérisoires, des salariées occupant les postes les moins gratifiants, subissant les bas salaires et les temps partiels imposés et tous les harcèlements quotidiens de la hiérarchie, animent le mouvement.
Ces femmes sont souvent les mieux placées pour prendre la mesure au quotidien des hausses de prix, pour dénoncer les horaires de travail impossibles, pour faire face aux fins de mois difficiles. Comme le disait l’une d’elles : « On est sorti et ça sera difficile de nous faire rentrer.»
D’autres affirmaient leur conviction que la victoire viendrait des femmes : « On est déterminées et on lâchera pas.» Une autre plus ambitieuse, expliquait à un journaliste : «Les hommes font les révoltes, les femmes les révolutions.»
Les femmes ont ainsi donné une bonne réponse aux campagnes des médias et du gouvernement dénonçant les gilets jaunes comme un ramassis de hooligans, car elles ont aussi dénoncé ouvertement les violences policières. Ne se contentant pas de réclamer des bisous aux CRS mal à l’aise sous leur harnachement, elles leur ont aussi crié à deux doigts des moustaches : « CRS avant de gazer, accouchez.»