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Leur société
Procès Barbarin : silences coupables
Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon et l’un des plus hauts responsables de l’Église, est poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs. Il s’agit d’agressions avérées commises par un prêtre placé sous sa responsabilité. Le cardinal, mis au courant, s’était contenté de déplacer le prêtre.
Pour sa défense, Barbarin invoque la prescription, les faits déjà anciens lorsqu’il en a eu connaissance, la discipline, puisqu’il se targue d’avoir en la matière obéi à Rome, et la foi, ne reconnaissant qu’un seul juge, celui qui trône dans les cieux. Et, à l’instar de ses collègues de tous les corps constitués, de la police à la mafia, le digne cardinal affirme avoir voulu protéger l’institution et laver le linge sale en famille. On verra si un tribunal d’aujourd’hui admet cette attitude digne de l’époque où l’Église catholique était toute puissante et constituait elle-même les tribunaux.
Barbarin, pendant qu’il fermait les yeux sur les actes de son curé, était à l’avant garde de la lutte pour la morale telle que l’entendent les catholiques les plus réactionnaires. Haïssant les homosexuels, condamnant les femmes ayant recours à l’IVG voire à la contraception, bataillant contre le mariage pour tous, en tête de tous les défilés de grenouilles de bénitiers, Barbarin n’a jamais été en retard d’un préjugé, jamais avare d’une bénédiction.
Bien sûr ce cardinal a longtemps été reçu par tous les médias, salué par tous les représentants de la république comme un témoin de moralité, comme un sage dont il faut écouter l’opinion sur tous les sujets dits sociétaux. Le curé pédophile n’est certes pas reluisant, celui qui l’a protégé au nom des intérêts de l’Église l’est encore moins. Mais que dire de tous ceux qui, par conformisme béat, l’ont aidé pendant tant d’années à tenir le goupillon et y aideront encore demain ses semblables ?