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Italie : Forza nuova renforcée par la politique de la gauche au gouvernement

Douze militants masqués du groupe néofasciste Forza nuova ont manifesté à Rome devant le siège du journal la Repubblica le 7 décembre, revendiquant « une première attaque contre ceux qui répandent l’immigrationnisme » et appelant au boycott de ceux qui « défendent le remplacement ethnique et l’invasion de l’Italie ». La semaine précédente, un autre groupuscule, le Veneto front skinhead avait fait irruption à Côme dans les locaux de l’association Côme sans frontières qui vient en aide aux migrants.

Ce ne sont que les dernières en date des provocations d’une poignée d’imbéciles nostalgiques de Mussolini, qui se sont faits les champions du racisme et des exactions contre les immigrés. Ils se sentent de plus en plus autorisés à ce genre de manifestations, voire à des agressions contre des migrants ou des militants, dans un climat politique où la plupart des partis présentent l’immigration, au mieux, comme un problème difficilement gérable, au pire, comme une menace pour les Italiens.

Après les menaces adressées au quotidien la Repub­blica, le gouvernement dirigé par le parti de centre gauche PD (Parti démocrate), les élus et les partis de tous bords se sont empressés de condamner le fascisme, y compris La Ligue, parti xénophobe de Matteo Salvini, qui a expliqué « combattre les positions de la Repubblica avec des idées, et pas des menaces ».

Le PD a appelé à une grande manifestation unitaire contre le fascisme à Côme, le 9 décembre. Celle-ci a rassemblé des milliers de manifestants, inquiets de voir le fascisme revendiqué publiquement et voulant afficher leur solidarité avec les migrants. Mais elle a aussi été l’occasion pour le PD, le parti de Mario Renzi, de poser au parti rassembleur de toutes les forces de gauche… un rassemblement auquel il aspire.

En effet les élections législatives d’avril prochain se rapprochent et le PD, usé par ses années au pouvoir, risque de voir la droite l’emporter. Il a bien du mal à se trouver des alliés, car d’autres regroupements de gauche se sont formés autour de dirigeants en grande partie sortis de ses rangs et qui, justement, veulent prendre leurs distances avec le PD. Car celui-ci a mené ces dernières années une série d’attaques, tel le Jobs Act, équivalent de la loi travail. Dernièrement, il n’a même pas eu le courage de faire adopter le ius soli, une loi qui reconnaîtrait le droit du sol, c’est-à-dire le fait que tout enfant né sur le sol italien se verrait accorder la nationalité italienne. Il est aujourd’hui largement discrédité dans son propre électorat et les couches populaires en général.

La loi électorale concoctée par le PD avec l’assentiment de la droite oblige à faire des coalitions avec d’autres partis pour construire une majorité. Fait pour écarter le Mouvement 5 étoiles de Grillo, premier parti en termes d’intentions de vote, dont tout le discours est basé sur le refus des coalitions avec les vieux partis, le mode de scrutin risque donc de jouer des tours au PD lui-même.

Les dirigeants du PD sont maintenant à la recherche des occasions de redorer leur image de gauche, comme la dénonciation de l’extrême droite qui se sent aujourd’hui renforcée, justement grâce à la politique du PD lui-même. À la manière du PS en France l’an dernier face au FN, le PD ne se rappelle qu’il est de gauche que lorsqu’il s’en prend à l’extrême droite, après avoir pendant des années gouverné contre les classes populaires qui l’ont porté au gouvernement.

Autant dire que, si l’extrême droite devient vraiment un danger pour les travailleurs, ceux-ci ne devront pas compter pour se défendre sur les politiciens lâches et avant tout soumis aux désirs du capital.

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