Leur société

Hébergement d’urgence : en crise permanente

Le 1er novembre, est entré en application le plan Grand Froid mobilisant chaque hiver des moyens supplémentaires destinés en particulier à l’accueil en urgence des sans-abri.

Dans sa présentation, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse a vanté le bilan du gouvernement Hollande-Valls, parlant d’une hausse des places disponibles de 27 % en trois ans. Elle a insisté sur sa demande de ne plus pratiquer de « gestion au thermomètre », autrement dit de n’ouvrir certaines places d’hébergement d’urgence que quand la température descend sous un certain seuil. Dans la même veine, le préfet d’Île-de-France a parlé de 92 000 personnes hébergées chaque nuit dans l’agglomération parisienne, avec près de 3 000 places supplémentaires en un an.

Mais les associations qui viennent en aide aux personnes à la rue constatent au contraire une dégradation de la situation globale. Si les moyens augmentent un peu, les chiffres annoncés sont plus des objectifs à atteindre que des places réellement disponibles. Beaucoup de promesses ne se transforment ensuite au mieux qu’en lits de camp dans des gymnases, ou bien en stations de métro laissées ouvertes la nuit pour qu’une partie des sans-abri puissent y trouver refuge.

Les places disponibles sont en réalité largement insuffisantes, ne serait-ce que pour mettre à l’abri les personnes à la rue. Le numéro dédié, le 115, est saturé en permanence. Dans la région de Toulouse, il n’est en capacité de répondre qu’à moins de 10 % des appels. Chaque nuit en Île-de-France, beaucoup parmi ceux qui parviennent à joindre le central téléphonique et qui sont de plus en plus souvent des familles, ne se voient proposer aucune solution. La directrice du Samu social de Paris témoigne du sort des femmes venant d’accoucher et menacées de se retrouver à la rue avec leur nouveau-né dès leur sortie de la maternité.

Au-delà de l’urgence, la situation des sans-abri est le reflet de la montée de la pauvreté. Les hébergements prévus sont occupés en permanence. Les personnes qui y trouvent refuge, sans emploi ou dans la précarité, retraités aux pensions dérisoires, ont de plus en plus rarement la possibilité d’obtenir des logements sociaux, déjà en nombre insuffisant. Ils ont encore moins les moyens d’accéder au parc locatif privé, où les loyers et les revenus exigés sont de plus en plus exorbitants.

Face à l’ampleur et la gravité de la situation des sans-abri, de réelles mesures d’urgence seraient nécessaires. Un plan d’hébergement digne de ce nom devrait prévoir la construction des logements nécessaires à des prix abordables. Et il commencerait par la réquisition des ­centaines de milliers de logements vides détenus et laissés vacants par les grandes sociétés immobilières, les groupes d’assurance et les banques.

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