Présidentielle : une gauche qui n’a rien à dire aux travailleurs02/11/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/11/p5_tombe_PS_dessin_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C43%2C800%2C493_crop_detail.jpg

Leur société

Présidentielle : une gauche qui n’a rien à dire aux travailleurs

Cinq ans de gouvernement Hollande ont tellement déconsidéré le Parti socialiste, ses dirigeants et sa politique, que la gauche se trouve bien en peine d’avoir un candidat, ne serait-ce que pour figurer honorablement à l’élection présidentielle.

Illustration - une gauche qui n’a rien à dire  aux travailleurs

Hollande, président sortant, est à la fois le plus déconsidéré de tous et le candidat naturel. Seuls ceux qui ont pris la précaution de quitter le navire il y a quelques mois, Macron, Montebourg, Hamon ou, depuis plus longtemps, Mélenchon, peuvent oser le critiquer. Tous les autres sont tenus à la solidarité gouvernementale et donc à attendre que le président veuille bien se décider à être ou ne pas être candidat.

Valls, qui a exprimé son mécontentement après la publication du livre de Hollande, piaffe d’impatience à l’idée d’être lui-même candidat à la présidentielle. Il en est maintenant réduit à multiplier les déclarations de loyauté dignes d’un traître de comédie. Lorsque le Premier ministre déclare qu’il faut de la hauteur de vue, on comprend que Hollande n’en a pas. Et quand ce dernier plaide pour que chacun reste à sa tâche, il faut entendre que Valls doit calmer ses ardeurs.

Les opposants dits frondeurs ne sont guère plus reluisants. Ceux qui, comme Hamon, ont fait toute leur carrière dans le sérail du PS, auront bien du mal à faire croire qu’ils sont vraiment différents de Hollande, leur ami et mentor de trente ans. Il faut toute la complaisance des médias pour accréditer l’idée qu’un Montebourg s’est opposé en quoi que ce soit à la fermeture de l’aciérie Mittal de Florange ou de l’usine PSA d’Aulnay. Les travailleurs concernés, eux, savent qu’il n’en est rien et les autres ont raison mille fois de se méfier de ce genre de beau parleur. Quant à Macron, il a certes fait ses classes à la banque plutôt qu’au PS, mais son étoile pâlit avant même d’avoir brillé.

Il reste bien sûr Mélenchon, qui a sur ses rivaux l’avantage d’être parti et d’avoir pris ses distances plus tôt. Les sondages l’avantageant ces dernières semaines, le héraut de la « France insoumise » endosse de plus en plus l’habit du président. Dans une déclaration au Figaro, il affirme rassurer les électeurs, en cette période de dilution de l’autorité de l’État, et commence à discuter des problèmes qui se poseront lorsqu’il sera élu.

Mélenchon n’a certes pas mis personnellement la main à la politique antiouvrière de ces cinq dernières années. Il s’est bien sûr montré dans les manifestations ouvrières et a assuré les syndicalistes condamnés de sa solidarité, alors que Hollande les faisait poursuivre. Mais, mis à part le verbe, il ne propose rien aux travailleurs, et surtout pas de se mobiliser eux-mêmes pour faire valoir leurs intérêts. Il est d’ailleurs beaucoup plus disert sur les thèmes écologiques que sur l’exploitation capitaliste, et il le revendique.

Dans ce brouillard, il y a une inconnue supplémentaire. Qui le PCF choisira-t-il de soutenir ? Il suffit de regarder la liste des fiancés pour constater que l’intérêt des travailleurs ne sera pas de la noce. Le seul véritable souci de la direction du PCF est de trouver l’allié qui lui permettra de garder quelques sièges lors des élections législatives.

Non seulement il n’y a pas de sauveur suprême, mais tous ces candidats au titre ne prennent plus la peine de s’adresser aux travailleurs.

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