Dans les entreprises

La Poste : la Cour des comptes dans les pas de la direction

Un rapport de la Cour des comptes s’attaque aux facteurs, accusés de ne pas travailler assez, du fait du système du fini-parti – quand on a distribué le courrier, on peut rentrer chez soi – laissant ainsi entendre que les facteurs pourraient en faire plus. Il oublie intentionnellement de dire que ce système permet à La Poste d’imposer à beaucoup de facteurs de continuer à travailler gratuitement après leur fin légale de service, pour finir leur tournée.

Ce rapport de la Cour des comptes aurait pu être dicté par la direction de La Poste tellement il va dans le sens de ses projets. Il conseille de continuer à réduire les effectifs, de dégrader encore plus le service rendu aux usagers et d’augmenter les tarifs, afin de maintenir un résultat d’exploitation de 400 millions d’euros par an pour la branche Service-courrier-colis dont dépendent les facteurs.

Les 100 000 emplois supprimés en dix ans à La Poste, dont environ 25 000 à 30 000 de facteurs, ne suffisent pas aux auteurs du rapport, pas plus que les 300 plateformes de distribution du courrier fermées entre 2009 et 2015 qu’ils citent. Ils se plaignent que la mécanisation du tri de la tournée des facteurs n’ait pas été suivie de toutes les suppressions d’emplois qu’elle aurait pu permettre, et que les réorganisations accompagnées de réduction d’effectifs soient séparées par un intervalle minimum de deux ans. « Cet intervalle de deux ans devrait être, dans le cas général, un maximum », déclarent-ils, clouant au pilori les facteurs des premier et deuxième arrondissements de Paris dont le comité d’hygiène et sécurité (CHS) avait fait repousser de sept mois une réorganisation.

Pour les usagers, la Cour des comptes se félicite de l’augmentation du prix du timbre fixée à 3,5 % de plus que l’inflation jusqu’en 2018, mais déclare qu’il faut aussi diminuer les obligations de service universel auxquelles est astreinte La Poste. Elle propose de ne plus distribuer le courrier six jours sur sept, et de ne plus organiser son réseau pour que les lettres puissent être distribuées le lendemain. Elle suggère aussi de regrouper les boîtes à lettres des particuliers, pour réduire les tournées et donc diminuer le nombre de facteurs.

La Cour des comptes justifie les coupes sévères qu’elle préconise dans les effectifs par la chute du volume de courrier, ce qui est l’argument favori de la direction de La Poste. Le rapport doit pourtant reconnaître que, « même avec des volumes moindres, les tournées doivent être effectuées en totalité, et leur durée ne diminue pas proportionnellement aux quantités distribuées ». Le seul et unique objectif des mesures que préconisent la Cour des comptes et la direction de La Poste reste donc l’augmentation des bénéfices. Les postiers comme les usagers ont toutes les raisons de s’y opposer fermement.

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