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Dans les entreprises
Carbone Savoie : reprise du travail, mais rien n’est réglé
Dans les deux usines de Vénissieux, en banlieue de Lyon, et de Notre-Dame-de-Briançon en Savoie, les grévistes de Carbone Savoie ont décidé de reprendre le travail lundi 15 février, après deux semaines de grève totale de presque tous les 470 salariés.
Les grévistes entendaient protester contre la cession de l’entreprise, qui fabrique des électrodes pour l’industrie de l’aluminium, par le groupe minier Rio Tinto, propriétaire actuel, au fonds français Alandia Industries.
Ce fonds censé redresser des entreprises en difficulté n’a, jusqu’à présent, racheté qu’une entreprise d’aliments pour animaux, un créateur de jouets et un fabricant de panneaux routiers. Rien à voir avec l’industrie lourde ! Et c’est le flou total sur ses intentions, à part une vague promesse de ne pas licencier pendant deux ans et la volonté de renégocier les accords d’entreprise.
Le blocage des usines et la menace de perturber l’accès aux stations de sports d’hiver de la Tarentaise et de la Maurienne les week-ends de grands départs en vacances ont fait un peu avancer les choses, lors d’une réunion organisée par la direction le 10 février.
Carbone Savoie s’est engagé, si le travail reprenait lundi 15, à payer les jours de grève. Et il va investir 25 millions d’euros dans les usines sur quatre ans, dont plus de 12 millions en 2016-2017, financés par Rio Tinto. Et ce dernier fournira un million d’euros à un fonds « afin d’accompagner les salariés s’il devait y avoir un PSE en 2018 ou 2019 ». Alandia dit s’engager à ne pas faire de PSE, mais seulement pour les deux premières années. Cela n’a rien de rassurant quant à l’avenir de l’entreprise. Au contraire, tout se passe comme si Rio Tinto voulait sous-traiter les licenciements ou la fermeture à un fonds vautour.
Les syndicats maintiennent donc leur assignation auprès du tribunal de grande instance de Lyon pour absence d’information. Ils veulent faire faire une expertise de l’entreprise, que la direction refuse, afin que le repreneur ne puisse pas prétendre qu’il n’était pas informé de l’état des usines, argument classique pour fermer la porte.
Lors des assemblées générales qui, sur les deux sites, ont décidé la reprise du travail, les grévistes ont réaffirmé leur méfiance à l’égard de cette opération et se sont déclarés prêts à se remettre en grève si nécessaire. La présence aux piquets de grève 24 heures sur 24 a soudé les salariés, y compris de différentes catégories, et des liens se sont noués entre les deux usines. Aussi la reprise s’est faite avec le moral, et l’intention de ne pas se laisser faire.