Orange : la face cachée de la fibre optique20/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2477.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Orange : la face cachée de la fibre optique

Orange déploie à vitesse accélérée son réseau de fibre optique, qui permet d’avoir un meilleur débit pour la TV et Internet. Mais l’entreprise n’embauche plus depuis longtemps. Aussi confie-t-elle les travaux d’installation à des majors comme Spie, Vinci, Eiffage, Ineo Suez, qui sous-traitent à leur tour à une myriade de petites entreprises.

Sur le secteur Est de la région parisienne, par exemple, cela représente 120 entreprises.

Cette sous-traitance en cascade a des conséquences catastrophiques que Orange, donneur d’ordres qui se targue d’être une entreprise responsable, connaît parfaitement et cautionne. Mais quand il fait sa publicité pour vendre la fibre, il se garde bien d’expliquer comment le client va être raccordé !

Les patrons sous-traitants n’ont en effet pas attendu la réforme du Code du travail pour le piétiner : les horaires sont largement au-dessus de la durée légale et certaines entreprises ne payent même pas les heures supplémentaires, sous prétexte de retard à la production. Il arrive que certains salariés soient encore chez un client à 23 heures alors que leur journée a commencé à 8 heures du matin.

Ils doivent souvent intervenir avec leur voiture personnelle ou en louant un véhicule à leurs frais. Certaines entreprises payent leurs salariés à la tâche et ne le paient pas en cas de réclamation du client. Quant à la formation, elle se fait sur le tas, les plus anciens dans le métier formant leurs coéquipiers.

La sécurité n’est souvent pas respectée. Pour se couvrir, Orange se contente de distribuer aux sous-traitants une clé USB précisant les consignes à respecter. Par exemple elle indique que, pour les travaux en hauteur, les salariés doivent utiliser des nacelles, et que les échelles ne sont autorisées que si les salariés interviennent à deux. Mais certains patrons font signer des décharges à l’embauche pour obliger les salariés à n’utiliser que des échelles, y compris en étant seuls !

De même, des trappes sur les trottoirs, donnant accès à des câbles sous la chaussée, restent ouvertes sans signalisation en surface pendant les interventions, avec un risque de chute grave pour les piétons. Dans certains bâtiments, des salariés interviennent dans des vides sanitaires sans les précautions prévues, notamment être toujours en liaison avec un salarié resté à l’extérieur. Et vu les horaires pratiqués et la fatigue, les risques d’accident sont accrus.

Comme les délais impartis sont réduits, le travail exécuté s’en ressent. Dans certains cas, plus de 70 % du travail nécessite une nouvelle intervention. Les salariés d’Orange, qui réalisaient ces installations, sont devenus les contrôleurs du travail des salariés sous-traitants. Mais ils sont bien conscients que ceux-ci ne peuvent faire mieux, vu les conditions qu’on leur impose.

Certains salariés d’Orange, révoltés par cette situation, cherchent à intervenir auprès de la direction pour faire respecter les droits des travailleurs sous-traitants. Mais Orange est bien décidé à maintenir ses tarifs au plus bas, et donc à fermer les yeux sur les conséquences. Quant aux salariés des sous-traitants, leur dispersion dans de nombreuses entreprises et la menace immédiate d’être licencié qui pèse sur eux ne facilitent pas les réactions.

C’est pourtant bien une action commune de tous les travailleurs, ceux d’Orange comme ceux des sous-traitants, qui pourra imposer des conditions de travail dignes pour tous.

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