Les porte-parole de la droite, qui s'inquiètent de voir qu'une fraction du monde du travail plus importante que par le passé pourrait cette fois-ci voter pour Arlette Laguiller, les porte-parole de la gauche gouvernementale, qui s'alarment en plus à l'idée de perdre des voix, affirment à qui mieux mieux que le vote en faveur de la candidate de Lutte Ouvrière serait stérile, parce qu'Arlette refusera de prendre parti au second tour. Pour la plupart de ces gens-là, comme pour la majorité des commentateurs, le premier tour est en fait une formalité inutile, le seul scrutin qu'ils trouvent important, c'est celui du deuxième tour.
Mais le premier tour de l'élection présidentielle sera au contraire le seul où les électeurs pourront se prononcer pour le candidat, pour la politique de leur choix. La loi électorale concoctée en son temps par de Gaulle, et que la gauche gouvernementale s'est bien gardée de modifier, ne permet qu'à deux candidats de rester en lice au second tour. Dans ces élections, si on en juge par les sondages actuellement publiés, cela signifie que tout se jouera au second tour entre deux candidats qui n'auront pas recueilli à eux deux la moitié des suffrages, les autres étant, qu'ils le veuillent ou pas, que leurs électeurs le souhaitent ou pas, automatiquement écartés.