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- Lutte ouvrière n°1757
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Leur société
Hue prêt à rempiler derrière Jospin
On ne peut guère dire que les interventions de Robert Hue à la télévision ou à la radio pêchent par excès de clarté. A chaque fois, on le voit et on l'entend, presque dans la même phrase, affirmer sa solidarité maintenue avec la gauche plurielle, donc avec le Parti Socialiste, qui la dirige, et dans le même temps s'inquiéter de son éventuelle dérive à droite.
Comme s'il ne s'agissait que d'une dérive, et que le risque était à venir, comme le laisse entendre le secrétaire national du PCF. Or, d'entrée, le gouvernement Jospin et avec lui toutes ses composantes, PCF compris, ont mené une politique que pudiquement on peut appeler une politique " de centre gauche ", façon d'éviter de parler de ce qui est en réalité une politique de droite.
A ce que l'on sache, Strauss-Kahn et son successeur Fabius, deux hommes qui symbolisent cette politique libérale, et qui ne s'en défendent même pas, sont ou ont été ministres dans un gouvernement qui est en place depuis cinq ans, aux côtés de dirigeants du PCF comme Jean-Claude Gayssot et Marie-George Buffet. Il ne s'agit pas d'un gouvernement à venir, mais du gouvernement actuel que chacun, dont Robert Hue, peut juger sur ses actes. A ce que l'on sache, l'application par ce gouvernement du plan Juppé dans la santé, le fait d'avaliser la décision de Balladur d'augmenter la durée des cotisations nécessaires pour accéder à une retraite à taux plein pour les salariés du secteur privé, ne sont pas des projets pour le futur, mais des réalités bien tangibles dont les effets sont déjà subis par le monde du travail. Et il n'y a pas de quoi en être fier. D'autant que les projets de Jospin dans ces domaines ne sont pas rassurants, lorsqu'on l'a vu, aux côtés de Chirac, signer à Barcelone une déclaration qui envisage de repousser l'âge moyen européen de cessation d'activité à 63 ans. Ce qui signifie en clair un recul - encore un - de l'âge de la retraite.
A la question, plusieurs fois posée par des journalistes - et que légitimement beaucoup de militants et d'électeurs du PCF sont en droit de se poser eux aussi - " quelles seraient les exigences du PCF pour qu'il accepte de nouveau d'entrer dans un gouvernement de gauche plurielle ", Hue apparaît bien embarrassé. Il répond " qu'il faudra voir... qu'on ne peut pas anticiper sur le résultat du premier tour... " Il serait pourtant facile de répondre sans ambiguïté qu'il saurait exiger d'un tel gouvernement qu'il interdise les licenciements collectifs, qu'il n'aurait pas peur de lui demander des garanties impératives pour la remise en question du plan Juppé et des mesures de Balladur déjà prises contre les retraites.
Il est vrai que ce serait demander à ce gouvernement de faire demain ce qu'il n'a pas fait jusqu'ici. L'embarras de Hue s'explique donc. Mais son obstination à ne pas vouloir tirer la leçon de l'expérience récente, pourtant dommageable au monde du travail, mais aussi à son propre parti, est tout à fait claire. Elle signifie que le vote pour Hue, cette fois encore, ne servira à rien de bon pour les travailleurs et pour la population laborieuse.