"Dialogue social", "politique contractuelle" ou comment imposer des retours en arrière29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Dialogue social", "politique contractuelle" ou comment imposer des retours en arrière

De Seillière à Chirac, en passant par Jospin, chacun vante à sa façon dans la campagne en cours les mérites du " dialogue social ". Il faut, disent-ils tous, le développer, afin de mettre au point une " politique contractuelle " devant se substituer le plus possible à la loi. La droite et le patronat déclarent ouvertement que celle-ci est trop " contraignante ", pour les patrons bien sûr, le PS suivant le même chemin de façon plus jésuite .

Cela concerne tous les sujets : les retraites, " l'assouplissement " des lois, déjà très souples pour les patrons, des 35 heures, la formation etc. Ainsi Jospin écrit-il dans ses engagements que le dialogue social doit laisser " plus de place à la négociation et au dialogue ", mettant quand même comme réserve que pour " être transcrit par le législateur ", " un accord interprofessionnel ", ne devrait pas pour autant " remettre en question les principes fondamentaux de la loi ". La formule est assez lâche pour permettre une lecture souple de tout cela. Quant à Chirac il propose " d'inventer de nouvelles méthodes de changement négocié ", demandant " le principe du dialogue social d'abord ", c'est-à-dire " avant toute intervention éventuelle de la loi ".

Mais dans le cadre du rapport de force actuel entre le patronat et le monde du travail, avec des syndicats bien souvent impuissants, certains se soumettant par avance aux volontés des patrons, ces phrases sur le " dialogue social " sont une façon enrobée de livrer pieds et poings liés la classe ouvrière aux diktats du patronat.

C'est ce " dialogue social " là que réclame le représentant du syndicat des patrons, le baron Seillière. Quand le grand patronat licencie par charrette de milliers de travailleurs, en faisant régner la peur parmi les rescapés du moment, quand la crainte de tout perdre et de sombrer dans la misère contraint les travailleurs, souvent la rage au ventre, à accepter des reculs et des remises en cause majeures de leurs droits et une dégradation de leurs conditions de travail, proposer comme seule perspective de se soumettre aux accords voulus par le patronat est une politique criminelle.

Isolés par atelier, par entreprise ou même par branche, les travailleurs sont en position de faiblesse, sans parler des chômeurs et des retraités. Il faut que les travailleurs s'unissent et se rassemblent en un front commun sur la base d'un programme offensif garantissant les intérêts du monde du travail, l'imposent et le fassent garantir par la loi, afin que dans toutes les entreprises, y compris les plus petites, toutes les catégories de travailleurs, les retraités isolés, puissent bénéficier des mêmes droits.

Mais justement ce que préparent les patrons et les représentants politiques des partis de gouvernement, c'est l'inverse ; c'est par exemple ce qui s'est passé avec la mise en place de la loi Aubry sur les 35 heures, des accords qui pouvaient déroger aux quelques garanties existant dans la loi sur le temps de travail. Le seul " dialogue " efficace face aux patrons et aux gouvernants c'est celui de la lutte, unie et déterminée, du monde du travail pour imposer ses exigences.

Partager