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Whirlpool-Amiens : Les patrons veulent fermer l'usine
L'usine Whirlpool d'Amiens fabrique des lave-linge et des sèche-linge. Elle emploie près de 900 ouvriers embauchés, et durant la moitié de l'année plusieurs centaines d'intérimaires. Les salariés ont appris brutalement l'intention de la direction de fermer l'usine, les bénéfices annuels de celle-ci n'atteignant pas les 6,3 % exigés par les actionnaires.
Deux solutions, si l'on peut dire, sont envisagées : le licenciement de 386 des 886 embauchés, ou bien la fermeture de l'usine, cas de figure présenté par le PDG comme le plus souhaitable.
La direction du groupe avait annoncé son intention de supprimer plusieurs milliers d'emplois en Europe dans les années à venir. Elle a déjà licencié des centaines d'ouvriers en Italie, elle ferme son usine suédoise de micro- ondes (700 salariés), ainsi qu'une autre au Québec.
Whirlpool, numéro un mondial du gros électroménager, se porte très bien : le groupe annonce des bénéfices en progression de 15 à 20 % pour le premier trimestre 2002. Le trust était d'ailleurs récemment candidat au rachat de Moulinex, et la direction annonçait, sans complexe, le même jour que l'annonce des licenciements, le rachat du groupe polonais Polar pour 43 millions de dollars.
Tout cet argent a été accumulé grâce à une exploitation de plus en plus intense des ouvriers. En quatre ans, sur le site d'Amiens, avec un effectif comparable, la production annuelle est passée de 650 000 à 1,1 million d'unités. Et cette année, au terme du premier trimestre, le gain de productivité est déjà de 6 %.
La pression sur les ouvriers pour arriver à ce résultat a entraîné beaucoup de stress, de fatigue, et causé de nombreux accidents de travail : coupures avec le tranchant des tôles, problèmes musculaires, lésions du canal carpien.
Depuis des années la direction a aussi utilisé, pour un travail de production à la chaîne, des jeunes en formation en alternance, au lieu de les former pour leur CAP de maintenance des systèmes automatisés.
Cette fermeture de l'usine interviendrait au moment où l'entreprise cessera de percevoir les aides publiques liées à un accord De Robien. Les patrons ont touché, au titre de cette loi et de diverses subventions des collectivités publiques, des millions d'euros pour des créations d'emplois qui n'ont pas été réalisées. Et cela a abouti à préparer le licenciement de milliers de travailleurs !
Si les socialistes, qui sont à la tête du gouvernement, étaient sincères lorsqu'ils parlent de lutter contre le chômage, ils commenceraient par interdire immédiatement ces licenciements. Comme ils auraient dû interdire il y a trois mois ceux des entreprises voisines Honeywell et Magneti-Marelli. Ils exigeraient le remboursement des aides publiques qu'ils ont versées aux patrons de Whirlpool, alors même qu'ils préparaient leur plan pour jeter à la rue des centaines de travailleurs.