Haïti : pour les plus pauvres, un drame sanitaire18/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2929-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : pour les plus pauvres, un drame sanitaire

Cet article est extrait du mensuel La Voix des travailleurs du 6 septembre, édité par nos camarades de l’OTR-UCI (Haïti).

Les rares structures sanitaires publiques du département de l’Ouest qui rendaient un tant soit peu quelques services à la population n’ont pas résisté à la fureur des gangs. C’est le cas aussi de nombreux hôpitaux et cliniques privés qui ont cessé leurs activités. Selon certains chiffres, 70 % des infrastructures sanitaires, hôpitaux, cliniques, pharmacies, laboratoires de l’aire métropolitaine ont été vandalisés depuis six mois

L’hôpital de l’université d’État d’Haïti, l’HUEH, considéré jadis comme le plus grand centre de formation des cadres de santé et le premier hôpital de référence pour tout le pays, est aujourd’hui dysfonctionnel. Les bandits armés avaient pris possession de ses locaux pour s’attaquer au Palais national dont il est limitrophe. Après plusieurs tentatives infructueuses, l’actuel gouvernement a renvoyé aux calendes grecques la reprise de ses activités.

Pour une famille pauvre qui doit faire face à une urgence médicale ou se procurer des soins pour une affection régulière, c’est un parcours du combattant. Devenus extrêmement rares et chers, les coûts de la santé sont hors de portée des familles qui sont au chômage ou qui gagnent peu. Une famille ouvrière au chômage raconte ainsi ses péripéties pour faire opérer un fils de 14 ans, victime récemment d’un traumatisme : tombé du haut d’un arbre, l’enfant est sorti avec une fracture des deux os de l’avant-bras et une luxation claviculaire homolatérale. Pris de panique et en pleurs, ayant réuni le peu d’argent dont ils disposaient, ses parents ont arpenté les rues avec l’espoir de trouver un endroit pour hospitaliser le gamin. Les premières démarches se sont révélées vaines. Une des cliniques de l’hôpital Médecins sans frontières leur a refusé l’hospitalisation. Ils se sont rendus ensuite dans un cabinet privé. Mais l’argent dont ils disposaient pouvait à peine payer la consultation.

Le lendemain, un proche les a aidés à faire une radiographie. De retour dans le cabinet privé pour le suivi, le médecin orthopédiste leur a dit que ses honoraires pour l’intervention chirurgicale étaient de 147 000 gourdes, en dehors des frais d’hospitalisation et de l’achat des médicaments. Le montant a été confirmé auprès d’autres médecins. Multipliant les contacts auprès d’autres connaissances, le garçon fut hospitalisé finalement à l’hôpital La Paix, l’hôpital public où convergent tous les malades issus de la population pauvre depuis la cessation des services de l’HUEH. Au terme de dix jours d’hospitalisation, le garçon fut opéré. Les parents doivent passer sur les mauvaises conditions de l’hôpital, l’absence de moyens pour prendre en charge les patients, les péripéties encourues avant l’intervention car seul compte l’espoir pour l’enfant de retrouver l’usage de son bras.

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