Afghanistan : brigands petits et grands09/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2871.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : brigands petits et grands

Les 30 et 31 juillet à Doha, au Qatar, une délégation de diplomates américains a rencontré le ministre des Affaires étrangères d’Afghanistan, le mollah Amir Khan Muttaqi, entouré de responsables de la Banque centrale afghane et du ministère des Finances.

Les relations diplomatiques sont toujours gelées avec l’Afghanistan. Le prétexte invoqué par les États-Unis est le sort réservé aux femmes dans ce pays et particulièrement l’interdiction qui leur est faite d’étudier à l’Université, édictée en décembre 2022. Officiellement cette rencontre a d’ailleurs eu lieu pour « dénoncer la répression des droits des femmes en Afghanistan ». Mais une fois cette formalité accomplie, les diplomates américains se sont empressés de distribuer des bons points au gouvernement afghan. Ce dernier en effet a, d’après eux, eu le mérite de juguler l’inflation et d’avoir augmenté les exportations comme les importations. La culture du pavot aurait également, d’après eux, diminué. L’économie se porterait donc mieux.

Le gouvernement afghan a aussi réussi à limiter les attentats terroristes et assure aux États-Unis que leur pays ne sera plus une base arrière du terrorisme contre eux. C’est sans doute ce type d’assurance qui importe le plus aux dirigeants américains.

Quant au ministre afghan des Affaires étrangères, il a, lui, évoqué les 7 milliards de dollars qui appartiennent à son pays et sont gelés dans les banques américaines. Dans ces tractations financières et diplomatiques, le sort des femmes afghanes ne pèse rien pour les uns comme pour les autres. Que les jeunes filles soient obligées de se cacher, la peur au ventre, pour apprendre l’anglais, qu’elles n’aient aucun avenir dans ce pays, qu’elles soient les esclaves des talibans, c’est l’objet d’une protestation bien symbolique et bien hypocrite. Mais en fait cela importe peu aux diplomates américains. Comment s’en étonner ? Leur gouvernement a d’abord armé les milices islamistes en lutte contre l’URSS, puis a permis et financé l’arrivée au pouvoir des talibans en 1996. Il les a ensuite soutenus jusqu’en 2001, et ne les a combattus qu’après les attentats du 11 septembre 2001 parce que ces derniers l’avaient visé. Ce ne sont ni les droits des femmes, qui n’ont jamais été que des alibis pour intervenir, ni les intérêts du peuple afghan, qui subit une dictature brutale et archaïque, qui guident les gouvernements américains et occidentaux. Au fond cette discussion est une discussion entre brigands, des petits et des grands, mais qui se connaissent et se comprennent bien.

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