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- Lutte ouvrière n°2871
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Editorial
De l’Ukraine au Sahel : les guerres de l’impérialisme ne sont pas celles des travailleurs
Avec la possible intervention militaire d’une coalition de pays voisins du Niger, la Cedeao, contre les généraux putschistes, la guerre menace de s’intensifier au Sahel. Les classes pauvres de la région subiront les méfaits de nouvelles bandes armées tandis que les divisions ethniques ou nationales s’exacerberont davantage.
Les tensions en Afrique, comme toutes les rivalités et conflits dans le monde, sont aggravées par le climat de guerre générale que développent les dirigeants impérialistes dans le but de garantir l’hégémonie de leurs capitalistes et d’entraver le développement de leurs rivaux chinois ou russes.
Depuis dix-huit mois, la guerre oppose, en Europe, les États-Unis et la Russie avec la peau des peuples ukrainien et russe. Cette guerre, dite de haute intensité, touche des millions de personnes, détruit des villes, des réserves de céréales ou des barrages. Des soldats sont tués par dizaines de milliers. À la barbarie des tranchées, digne de 1914-18, s’ajoute la technologie meurtrière du 21e siècle.
Cette guerre dresse de plus en plus deux camps opposés à l’échelle mondiale. Ainsi au Niger, ministres et journalistes français ont voulu voir la main de Moscou dès les premières manifestations hostiles à la France.
Comme si la population nigérienne n’avait pas toutes les raisons de rejeter la présence française ! Comme si la France et ses concurrents impérialistes n’avaient pas taillé des frontières arbitraires au Sahel, exploité les habitants, pillé sans vergogne les richesses minières tout en laissant ces pays dans le sous-développement. On ne peut que partager la révolte de ce manifestant disant : « Ils exploitent notre uranium depuis des années, et nous n’avons pas d’électricité ».
Cette colère légitime est utilisée par les putschistes, mais ils ne représentent pas les intérêts des classes populaires. Elle permet à Poutine de se poser, bien à tort, en champion anti-impérialiste et d’envoyer les mercenaires de Wagner. Mais quand Macron et ses généraux invoquent la présence russe, c’est pour nous faire serrer les rangs derrière eux. Nous ne devons pas marcher.
En agitant la menace russe, en encourageant les pays de la Cedeao à intervenir, les dirigeants impérialistes veulent obliger les pays voisins à prendre position et à se ranger derrière eux. Ils exercent les mêmes pressions sur tous les pays du monde face à la Chine ou la Russie.
Les dirigeants des grandes puissances invoquent la liberté et la défense de la démocratie mais ils préparent une guerre plus vaste.
Ils la préparent techniquement en testant à grande échelle leur arsenal meurtrier et en inventant de nouveaux engins sans regarder à la dépense. Ils augmentent partout les budgets militaires pour le bonheur des Dassault, Thales et autres industriels dont les profits explosent. Ainsi, un marchand d’armes allemand s’est-il réjoui que « le bouleversement de l’ordre sécuritaire mondial » ouvrait « une situation porteuse de grandes opportunités » !
Avant même que la guerre ne se généralise, les classes populaires de toute la planète en supportent le coût. À cause des circuits commerciaux bouleversés par les combats ou les embargos, la spéculation fait rage, provoquant la flambée des prix quand ce ne sont pas des pénuries et des famines. Les milliards coulent à flots pour les missiles et les avions de guerre, mais les hôpitaux ferment des lits par milliers et les quartiers populaires sont laissés à l’abandon.
Les travailleurs n’ont pas à se laisser sacrifier pour les profits des capitalistes. À l’inverse, il serait légitime que les profits volés par les marchands d’armes soient réquisitionnés pour financer tous les besoins de la population !
Pour mener leur guerre de haute intensité, les généraux et les chefs d’État n’ont pas seulement besoin de drones ou de chars. Il leur faut des soldats prêts à mourir. Ces soldats seront recrutés parmi la jeunesse des classes populaires, qu’ils commencent à embrigader avec le SNU.
Dans les pays impérialistes, tous les moyens seront bons pour nous faire serrer les rangs derrière l’appareil d’État et nous apprendre à marcher au pas. Les gouvernants prétendront qu’il faut défendre « nos intérêts » ou « nos valeurs ». Mais les travailleurs et les capitalistes n’ont ni les mêmes intérêts ni les mêmes valeurs !
En Afrique et dans les pays dominés par les grandes puissances, des politiciens ou des généraux joueront les anti-impérialistes pour accéder ou se maintenir au pouvoir.
Dans tous les pays, les travailleurs et les classes pauvres doivent refuser de marcher derrière leurs exploiteurs.
Bulletins d’entreprise du 7 août 2023