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- Lutte ouvrière n°2786
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Leur société
Véran : une crise hospitalière, où ça ?
Le ministre de la Santé est satisfait. À chaque interview, Olivier Véran s’envoie des compliments. Que les hôpitaux soient plus mal en point à la cinquième vague de l’épidémie qu’à la première, après 120 000 décès, est une réalité sur laquelle il passe le plus vite possible pour ne pas avoir à s’expliquer sur cette catastrophe et ses causes.
Alors que plus de 3 000 patients sont en réanimation, les directeurs d’hôpitaux réaffectent du personnel à cette priorité en piochant dans les autres services. Car inciter les soignants à faire des heures supplémentaires et suspendre des congés grâce au plan blanc ne change rien au manque permanent de personnel. Des chefs de service n’ont alors d’autre choix que de déprogrammer des opérations et des séjours prévus, laissant les malades patienter parfois des mois avant d’être hospitalisés. Tel est le cas, par exemple, d’un patient souffrant de calculs rénaux, qui s’est vu proposer de la morphine pour soulager ses douleurs parce que son opération a été repoussée de quatre mois.
Quant au taux de fermetures de lits, le ministère de la Santé le chiffre à seulement 2 % par rapport à 2019, après un « sondage ». C’est en contradiction avec le Conseil scientifique du gouvernement qui l’a évalué à 20 %, et même avec le directeur des hôpitaux parisiens, Martin Hirsch, qui parle de 13 %. En fait, les 2 % du ministère correspondent aux 5 700 lits d’hospitalisation dont la fermeture a été programmée et exécutée depuis 2019, en pleine pandémie. Ce scandale a été doublé d’un mensonge car, lors du Ségur de la Santé, à l’été 2020, Véran avait promis l’ouverture de 4 000 lits supplémentaires. Aujourd’hui, le ministère explique pudiquement que le nombre de lits « n’est pas l’objectif ».
Mais en plus de ceux dont la fermeture a été décidée en haut lieu, il y a tous les lits fermés temporairement car il n’y a pas d’infirmières ou d’aides-soignantes en nombre suffisant. Des services entiers sont ainsi mis en sommeil, comme par exemple les urgences de l’hôpital de Senlis.
Incapable de résoudre la crise hospitalière, alimentée par des décennies de restrictions budgétaires, le gouvernement en est réduit à tenter de faire illusion en jouant avec les chiffres, au mépris des nécessités de la santé publique.