- Accueil
- Lutte ouvrière n°2786
- Bolloré-Aponte : l’impérialisme incarné
Dans le monde
Bolloré-Aponte : l’impérialisme incarné
Pour 5,7 milliards d’euros, Bolloré vend sa filiale logistique en Afrique. Elle consiste en 42 ports, dont 16 terminaux à conteneurs, des lignes de chemin de fer, des entrepôts, des terminaux routiers, le personnel, les machines et les carnets d’adresses de ministres, potentats et groupes armés locaux, tous facilitateurs de bonnes affaires et de rapines fructueuses.
Les médias s’interrogent sur les raisons de cette vente. Bolloré vieillissant voudrait-il faciliter l’héritage en vendant ses actifs ? L’opération témoignerait-elle d’un affaiblissement des intérêts français en Afrique ou d’une détérioration des liens entre l’État et Bolloré ? S’agirait-il tout simplement d’une bonne affaire à réaliser rapidement, puisque la vente est conclue pour deux fois le prix estimé il y a deux mois à peine ?
L’acquéreur est l’armateur suisse MSC, propriété de la famille Aponte et deuxième mondial de son secteur. Comme ses deux gros compères du transport par conteneur, Maersk et CMA-CGM, MSC a fait des profits colossaux cette année, suscitant puis encaissant le bénéfice d’un décuplement des tarifs du transport maritime. Du haut de leur nouvelle fortune, les armateurs se jettent sur les ports, achetant à coups de milliards le droit de faire passer leurs bateaux avant les autres le long de leurs propres quais, comme le dit tout crûment le propriétaire de MSC.
Bolloré et Aponte ont leurs raisons, qu’ils n’ont pas pour habitude de raconter au public. Il reste que les voies de communication essentielles de tout un continent passent des mains d’un vampire français à celles d’un cannibale italo-suisse sans que personne parmi le milliard et quelques d’Africains ait son mot à dire. Et pas non plus bien sûr les dizaines de milliers de prolétaires qui font fonctionner ce réseau.