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- Lutte ouvrière n°2786
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SNCF – TGV Sud-Est : un préavis de grève levé à grande vitesse
Face au caractère massif de la grève qui se préparait sur l’axe TGV Sud-Est pour le week-end du 17 au 19 décembre, la direction de la SNCF a lâché une prime aux conducteurs et contrôleurs de ce réseau et les syndicats ont alors levé leur préavis. Mais ils n’ont pas demandé leur avis aux grévistes.
À l’annonce de cette grève, le directeur de SNCF-Voyageurs, Christophe Fanichet, déclarait : « C’est scandaleux au moment où les Français ont le plus besoin de nous pour se déplacer. »
Mais le scandale, c’est bien que la SNCF comme tous les patrons refusent d’augmenter les salaires alors que les prix flambent. Pour la 8e année consécutive, le point d’indice qui sert au calcul du salaire des cheminots est gelé. De plus, la SNCF supprime, sous prétexte de Covid, bon nombre de trains. Or la rémunération de nombreux roulants dépend justement de celui-ci. La CGT a ainsi calculé que la perte mensuelle de salaire d’un conducteur équivaut en ce moment à 200 euros.
Dans tous les secteurs de la SNCF, le mécontentement monte. À la faiblesse des salaires s’ajoute la dégradation des conditions de travail et des roulements. Rien que la semaine du 12 au 19 décembre, couraient au moins une quarantaine de préavis locaux ou régionaux.
Ainsi chez les conducteurs TER à Lyon-Perrache et Saint-Étienne, lundi 12 décembre, la grève était déjà suivie de 60 à 100 % selon les lignes. Sur Paris Sud-Est, la grève des conducteurs de banlieue était suivie à plus de 90 % jeudi 16 décembre. Dans plusieurs cas, ce sont des jeunes qui sont particulièrement mobilisés, eux à qui la direction a fait miroiter, en échange de la perte du statut de cheminot à l’embauche, des compensations salariales… inexistantes.
Sur le TGV Sud-Est, la grève appelée par la CGT, SUD-Rail et l’UNSA à partir du 17 décembre s’annonçait elle aussi comme un succès. Dès lundi 12, plus de 90 % des conducteurs à Paris comme à Lyon avaient déclaré leur intention d’être grévistes le week-end suivant. Le tintamarre dans les médias montrait que la grève inquiétait en haut lieu et suscitait des discussions y compris dans d’autres secteurs.
La direction de la SNCF choisit alors de lâcher l’augmentation d’une prime de travail de 20 % pour les derniers mois de l’année, ce qui correspond à 600 euros pour les conducteurs et 300 euros pour les contrôleurs de l’axe TGV Sud-Est et uniquement pour ceux-ci.
La direction, après avoir lanterné pendant des semaines, exigeait la levée immédiate du préavis, ce que l’UNSA faisait dès le mercredi, suivie par la CGT et SUD-Rail le lendemain, à quelques minutes du démarrage de la grève.Les directions syndicales mettaient en avant leur esprit de « responsabilité ». Mais responsabilité vis-à-vis de qui ?
Bon nombre de cheminots n’ont appris la levée du préavis que par les médias ou par Whatsapp et ignoraient même ce que la direction avait lâché. Il n’est pas venu à l’idée des directions syndicales de demander leur avis aux premiers concernés, ceux qui s’apprêtaient à faire grève. Si, par exemple à Lyon, certains militants tentaient le lendemain de se justifier en assemblée en disant « Si les camarades ont levé le préavis, c’est qu’ils ont leurs raisons », quelques autres exprimaient leur amertume devant ces méthodes bureaucratiques.
Ces mouvements qui éclatent de façon dispersée à la SNCF comme dans nombre d’entreprises privées ou publiques vont-ils se généraliser ? Seul un véritable mouvement d’ensemble pourrait imposer l’augmentation générale des salaires et leur indexation sur les prix. Mais il serait alors vital que les grévistes, syndiqués ou non, puissent le diriger démocratiquement sans s’en laisser déposséder.