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- Lutte ouvrière n°2780
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Dans les entreprises
Madame de Montchalin : fouet en main contre les territoriaux
La loi de transformation de la fonction publique votée en août 2019 aurait déjà, selon la ministre Amélie de Montchalin, permis à la moitié des collectivités locales d’imposer aux agents territoriaux dépendant d’elles une augmentation du temps de travail et la suppression de jours de congé.
Depuis des mois, des grèves et des manifestations ont eu lieu, rassemblant à chaque fois des dizaines voire des centaines d’agents territoriaux qui refusent la dégradation de leurs conditions de travail, déjà fort pénibles, et le vol de leurs congés, entraînés par l’application de cette loi. Avant le 1er janvier 2022, les municipalités et collectivités locales devraient imposer aux agents territoriaux, pour les trois quarts de catégorie C, donc avec des salaires au bas de l’échelle, la loi « des 1 607 heures annuelles » correspondant aux 35 heures appliquées dans le privé. Pour nombre d’entre eux, qui travaillent déjà souvent au-delà de 39 heures par semaine, cela se traduira par des congés supprimés, notamment des récupérations de travail du week-end.
N’ayant que le mot « valeur travail » à la bouche, de Montchalin prétendait fin octobre, sur les ondes de Sud radio, qu’avec cette loi l’objectif du gouvernement dont elle fait partie était que « l’action publique fonctionne mieux », mais également « que les agents publics soient mieux payés. » « Et comment on fait, ajoutait-elle, pour mieux payer les gens ? Eh bien on s’assure que leur temps de travail soit bien a minima de 35 heures. »
À ce galimatias hypocrite, on rétorquera que, pour que l’action publique fonctionne mieux, il faut embaucher, au lieu de viser, comme c’est le but réel de la loi, la suppression de 57 000 postes de territoriaux. Quant à mieux payer ces travailleurs du public, ce n’est pas en augmentant leurs horaires, et non leurs salaires, que leur employeur, municipalité ou collectivité, lui aussi soucieux de faire des économies, y œuvrera.
Sa dernière attaque en date passe par la situation de Paris, où la maire, Anne Hidalgo, a bien dû reculer face à la mobilisation, au printemps dernier, de centaines d’éboueurs, d’égoutiers et autres agents, et ne leur a supprimé « que » trois jours de congé, sur les huit entraînés par l’application de la loi.
Clairement en campagne pour son patron Macron, de Montchalin s’emploie, à travers les préfets, à presser les maires encore réticents à appliquer cette loi antiouvrière. Elle peut d’ailleurs s’appuyer sur de « bons éléments », comme les municipalités PS ou EELV de Montpellier, de Nantes, de Rennes ou de Grenoble pour rappeler à l’ordre les récalcitrants. Car, pour les agents concernés, 60 heures de plus par an, quatre ou six jours de congés supprimés, et l’aggravation du sous-effectif, constituent une attaque inacceptable, et loin d’être acceptée.