- Accueil
- Lutte ouvrière n°2780
- Ouganda : l’État français complice de Total
Dans le monde
Ouganda : l’État français complice de Total
Le groupe pétrolier Total se prépare à lancer l’exploitation d’un gisement pétrolier en Ouganda, au grand mépris des populations locales mais avec l’appui sans faille du gouvernement français.
Ce gisement a été découvert en 2006, au bord du lac Albert, à proximité de la frontière de la République démocratique du Congo. Un oléoduc long de 1 500 km acheminera le pétrole jusqu’au port tanzanien de Tanga. Pour mener à bien ce projet, 100 000 personnes ont été expropriées, chassées de leurs habitations et des champs qui les faisaient vivre. Des témoins ont rapporté comment ils avaient été victimes de pressions et d’intimidations pour signer les documents que leur tendaient les représentants de Total. Ceux-ci se déplacent dans les villages accompagnés de la police ougandaise, bien connue pour ses exactions et sa brutalité.
Emmanuel Macron appuie de tout son poids ce projet. Lorsque le président ougandais, Yoweri Museweni, a été réélu pour la sixième fois en janvier 2021, il lui a adressé une lettre de félicitations lui annonçant en même temps la visite de son ministre du Commerce extérieur, Franck Riester, qui « suivra la signature de la décision finale d’investissement entre l’Ouganda, la Tanzanie et le groupe Total », écrivait-il. Quel que soit le président, Total a toujours eu ses entrées auprès des dirigeants français. Ses cadres font la navette entre les sommets de l’appareil d’État et les directions de Total. Un directeur de Total a été conseiller spécial de Jean-Yves le Drian à la Défense, puis aux Affaires étrangères, de 2012 à 2019. Il est aujourd’hui chargé de conseiller le groupe sur ses rapports avec les pouvoirs publics français. Dans l’autre sens, une actuelle directrice de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères fut un cadre supérieur de Total de 2011 à 2019.
L’armée française est partie prenante de l’affaire. Une brigade d’infanterie de montagne a été envoyée sur place pour former l’armée ougandaise, et surtout tisser des liens avec ses responsables. Les forces de sécurité de Total agissent de concert avec la police spéciale du pétrole nouvellement créée par l’Ouganda. Le directeur de la sécurité de Total est d’ailleurs Denis Favier, l’ancien directeur général de la gendarmerie qui mena, au barrage de Sivens, les opérations ayant abouti à la mort de Rémy Fraisse.
L’interpénétration entre l’appareil d’État français et les multinationales du pétrole pour piller l’Afrique est une vieille histoire et, quoi qu’en dise Macron, rien n’a changé.