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Urgences hospitalières : l’anormal ne peut plus durer
La situation des services d’urgence menace à nouveau de se dégrader rapidement. La parenthèse de l’épidémie semblant se refermer pour l’instant, tout le personnel craint le retour à la situation précédente.
Cela fait des dizaines d’années que les services d’urgence sont chroniquement débordés. Les causes sont maintenant bien connues : la pénurie de médecins en ville entraîne un afflux des patients aux Urgences pour des pathologies qui ne le nécessitent pas, la pénurie de médecins à l’hôpital complique et alourdit le travail de ceux qui restent, le manque de lits dans les hôpitaux allonge considérablement le temps de présence des patients aux Urgences. Chaque fois qu’il se produit une canicule ou une épidémie de grippe, les malades s’accumulent sur des brancards et beaucoup ne peuvent pas être correctement soignés.
De ce point de vue, l’épidémie de coronavirus a été différente. Au début, les masques et le matériel de protection ont manqué et une partie du personnel s’est lui-même contaminé. Puis les hôpitaux ont été réorganisés et le personnel redéployé. L’activité a été presque entièrement consacrée au Covid : si le travail était plus compliqué que d’habitude à cause de la nécessité de se protéger, il y avait des effectifs suffisants et sans débordement aux Urgences. Les autres pathologies avaient pratiquement disparu, en grande partie parce que les patients renonçaient aux soins par crainte de la contagion. Si les réanimations ont été saturées dans les hôpitaux, ce n’était donc pas le cas des services d’urgence.
Maintenant, comme dans le reste de l’hôpital, les renforts sont partis et les patients reviennent, certains dans un état plus grave. Et d’emblée, la crainte du débordement réapparaît.
Quelles que soient les promesses de « plan massif » pour les hôpitaux faites par le gouvernement, la situation risque encore de s’aggraver. À l’hôpital de Creil dans l’Oise, par exemple, le Smur ne fonctionne plus tous les jours par manque de médecin. À l’hôpital Béclère dans les Hauts-de-Seine, une diminution par deux du nombre d’internes et le départ de deux médecins replongent le service dans la crise. Les plans de fermetures de lits, de services d’urgence et même d’hôpitaux sont toujours d’actualité.
La colère actuelle du personnel hospitalier s’est manifestée d’abord aux Urgences, en mars 2019. Cela s’est étendu à tout l’hôpital, et notamment aux médecins, à l’automne.
L’épidémie a rendu ce mécontentement moins visible pour un temps, mais les manifestations du 16 juin ont montré qu’il est encore bien là et qu’il est compris d’une grande partie de la population hors des murs de l’hôpital.