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Leur société
Armée : l’État-major prépare la guerre
Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de terre, est venu réclamer à l’Assemblée nationale une pluie d’argent public pour doter son armée de drones, de canons, de chars bourrés de technologie.
S’il est dans le rôle traditionnel d’un officier supérieur de réclamer toujours plus d’engins de mort, l’objectif affiché est clairement d’être fin prêt pour une éventuelle énième intervention impérialiste dans une ancienne colonie, mais aussi pour une guerre entre grandes puissances.
Jusqu’à présent, l’armée française était engagée dans des conflits dits asymétriques, contre des guérillas ou des bandes plus ou moins bien armées comme au Sahel et en Afghanistan, mais le général s’attend à de nouveaux conflits symétriques et entre États.
Dès maintenant, il s’agit donc selon lui « d’endurcir l’armée de terre pour qu’elle soit prête d’emblée à des engagements plus difficiles et des chocs ».
Si, devant l’Assemblée nationale, le militaire n’a pas désigné l’ennemi, le journal Le Monde relevait que plusieurs généraux font mention des multiples points de friction avec la Chine à propos des prétentions coloniales de la France dans l’océan Indien et le Pacifique. Le même article citait un dirigeant de l’OTAN déclarant il y a quelques mois : « Le combat futur avec la Russie ne procédera pas d’une invasion, mais peut-être d’une erreur de calcul qui nous entraînera .»
Le général Burkhard affirme : « Le monde est dangereux, la crise contribue à cette dangerosité et un conflit majeur n’est pas improbable – on voit en Libye quelque chose qui s’en approche. » Décidément en verve, il ajoute : « Face à une crise majeure, il faut être prêts d’emblée, et il faut être résilients, savoir encaisser les chocs, sinon nous serons balayés. […] Nous imaginions une situation en 2035… Mais en 2020 un certain nombre de cases sont déjà cochées. »
Sans doute afin de finir de jeter l’effroi parmi les députés pour les inciter à ne pas lésiner sur les crédits, le général a ajouté devant l’Assemblée : « Il est certain que notre armée n’a pas assez d’épaisseur pour faire face à un conflit majeur doublé d’une crise intérieure d’ampleur », autrement dit une crise sociale.
Jaurès, avant d’être assassiné au déclenchement de la guerre de 14-18, expliquait que « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Faute d’avoir renversé le capitalisme, la possibilité d’un orage guerrier reste entière.