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- Lutte ouvrière n°2678
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Hôpitaux : du 14 novembre... au 5 décembre
Après les annonces d’Agnès Buzyn et Édouard Philippe mercredi 20 novembre, le gouvernement n’en a pas fini avec le mouvement des hôpitaux. Diverses actions sont prévues jusqu’à la fin décembre.
Lors de l’assemblée générale qui a suivi la manifestation très réussie du 14 novembre, la méfiance à l’égard de ce que pourrait annoncer le gouvernement était unanime. Tout le monde sentait qu’on ne pourrait en rester à cette seule démonstration.
En revanche, la salle était partagée entre deux courants, pour ou contre la participation du Collectif interhôpitaux à la manifestation interprofessionnelle du 5 décembre.
Les uns se retrouvaient dans la position annoncée par les porte-parole du collectif : ils déclaraient qu’il n’avait de légitimité que pour défendre l’hôpital public, et non pour manifester sur le problème des retraites ou d’autres revendications. Les autres intervenaient pour appeler à un cortège structuré des hospitaliers dans la manifestation du 5 décembre. Parmi eux, figuraient un grand nombre de militants syndicaux ou politiques. Des médecins se réclamant du CIH, des internes sans appartenance à un appareil, des infirmiers, aides-soignants ou agents hospitaliers intervenaient dans le même sens.
Quant aux représentants du Collectif interurgences, ils rappelaient q’étant en grève reconductible depuis le mois d’avril, ils pensaient qu’il ne faudrait même pas attendre le 5 décembre pour agir.
L’assemblée n’a pas pu dégager une majorité claire pour le 5 décembre. Mais la pression de la salle a conduit les représentants du CIH à la tribune à envisager une manifestation le 30 novembre, un samedi, avec la population et les usagers.
Les mesures qu’ont annoncées Édouard Philippe et Agnès Buzyn, le mercredi suivant, n’ont convaincu personne. Dans les services, tout le monde a remarqué qu’il n’y a rien sur l’embauche d’effectifs, le principal problème des hôpitaux. D’autre part, alors que la revendication du CIH était une augmentation de salaire de 300 euros pour tout le personnel non médical, le gouvernement ne proposait que les primes. Enfin, le fait que les mesures les plus importantes soient réservées aux soignants d’Île-de-France a choqué au-delà de toute expression, et cela même à Paris ; c’était vouloir effacer le fait que de très nombreux services d’urgence de tout le territoire sont en grève reconductible depuis des mois. C’était une basse manœuvre de division, et elle a été prise comme telle.
Quant aux médecins, ils ont vraiment eu le sentiment de ne pas avoir été écoutés. Ils ne revendiquaient pas les quelques gratifications prévues pour eux par le ministère, ils s’étaient mobilisés pour sauver l’hôpital public, notamment en réclamant des augmentations de salaire pour les soignants afin de rendre attractives leurs carrières. Là encore, le gouvernement a échoué dans sa tentative d’introduire un coin, cette fois entre les médecins et le personnel.
Tout cela ressort des discussions, des passages dans les services et des assemblées générales d’hôpitaux qui se succèdent depuis ces annonces.
Malgré son opposition au plan du ministère, le CIH a finalement renoncé à appeler à une manifestation le 30 novembre, transformant cette journée en une journée d’initiatives locales. Il a reporté son appel à un nouveau défilé pour le 17 décembre.
Les organisations syndicales, elles, sont partagées sur l’initiative du 30 novembre, mais sont unanimes à mettre en avant la journée interprofessionnelle du 5 décembre.
En apparence, ce divorce rend les assemblées générales d’établissement difficiles, puisque médecins et soignants ne mettent pas en avant les mêmes mots d’ordre.
Pourtant, les soignants ne doivent pas voir un obstacle dans ces différences de position. Il ne s’agit pas d’opposer un appareil à un autre, les collectifs entre eux et les collectifs aux syndicats, ou l’inverse. L’essentiel est que le gouvernement a échoué à casser l’unité du personnel, si visible dans la manifestation du 14 novembre. Et, spontanément, ce sentiment a prévalu dans les assemblées générales d’hôpitaux qui se sont déjà tenues.
Tout ce qui contribue à augmenter la mobilisation des hospitaliers, non-médecins et médecins, doit être encouragé. On ne peut que souhaiter le succès de la journée d’initiatives locales du 30 novembre, en s’inscrivant aux initiatives proposées, aux tracts à la population qui seront rédigés ce jour-là, aux rassemblements dans les établissements et sur les marchés, etc. Mais il sera aussi très important que les hospitaliers participent à la journée du 5 décembre, qu’ils organisent d’importants cortèges dans les manifestations de ce jour-là.
Il s’agit de regrouper tous ceux qui veulent être acteurs du combat à mener le 5 décembre et après, si se produit l’embrasement que redoute Macron. Car les travailleurs des hôpitaux doivent aussi se préparer à diriger eux-mêmes démocratiquement leur mouvement.