L’État protège ses troupes27/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2678.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L’État protège ses troupes

D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, seuls trois policiers ont été poursuivis en justice depuis le début du mouvement des gilets jaunes.

Alors que les manifestations avaient été marquées par la violence déployée par la police, seules 372 enquêtes visant des policiers ont été ouvertes. Celles-ci, confiées à l’IGPN, la police des polices, ont abouti à… trois renvois devant un tribunal correctionnel. Et encore, les faits reprochés aux trois prévenus restent minimes par rapport aux blessures infligées lors des manifestations : l’un est jugé pour avoir jeté un pavé, un autre pour une gifle et le troisième pour des « violences légères ». L’IGPN a classé sans suite plus d’une centaine d’affaires, et carrément laissé les autres aux oubliettes. Aujourd’hui, si certaines restent ouvertes, aucune mise en examen n’a été prononcée, même quand les violences sont prouvées : un policier filmé pendant qu’il assénait des coups de matraque sur la tête d’un manifestant a ainsi vu toute poursuite à son encontre abandonnée pour « absence d’infraction ».

Pour faire peur aux manifestants et décourager ceux qui pouvaient être tentés de les rejoindre, le gouvernement avait donné à la police l’ordre de cogner, et de cogner fort. C’était un choix délibéré et assumé même devant les caméras de télévision. La loi étant bien faite, les plaintes déposées ensuite par des manifestants blessés ont été confiées à l’IGPN, dépendant du ministère de l’Intérieur, donc dudit gouvernement. Quant à la justice, elle dépend du ministre du même nom. Autant dire qu’il y a peu de risques qu’un policier ayant participé aux violences soit poursuivi, et encore moins condamné, même si par hasard il se retrouve devant un tribunal.

Les participants aux manifestations des gilets jaunes avaient déjà fait l’expérience que l’État et sa police non seulement ne se trouvaient pas du côté de la population, mais au contraire étaient prêts à tout pour défendre l’ordre des riches. Aujourd’hui, ils persistent et signent.

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