Mali : morts pour les intérêts impérialistes27/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2678.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : morts pour les intérêts impérialistes

Treize militaires français sont morts lundi 25 novembre au Mali. Les deux hélicoptères dans lesquels ils se trouvaient se sont percutés alors qu’ils participaient à une opération destinée à appuyer des commandos déployés au sol dans la région dite « des trois frontières », à cheval sur le Mali, le Burkina et le Niger, où l’activité des groupes djihadistes est aujourd’hui la plus intense.

À cette nouvelle, Emmanuel Macron a aussitôt salué « le courage des soldats morts pour la France » et Édouard Philippe « les héros tombés pour leur pays. » Ces mots, Macron et avant lui Hollande les ont peu ou prou prononcés pour chacun des 41 soldats français morts au Mali depuis le début de l’intervention militaire commencée il y aura bientôt sept ans, mais ils n’en restent pas moins profondément mensongers. Car les soldats de cette armée française aujourd’hui enlisée au Sahel ne défendent en rien les intérêts des hommes et des femmes qui vivent en France, et certainement pas ceux des travailleurs. Ils tentent seulement de protéger les chasses gardées d’une poignée de capitalistes.

Lorsque Hollande a pris la décision en janvier 2013 d’envoyer l’armée française au Mali, il voulait remettre sur pied un régime ami de la France alors menacé par les djihadistes. Ce n’étaient pas les horreurs infligées par ces groupes terroristes aux habitants de Tombouctou ou de Gao qui le motivaient, mais le désir de protéger les intérêts de trusts français comme Areva. Dans cette guerre, il s’est appuyé sur les pires dictateurs africains comme Idriss Déby, le président tchadien.

Mais le déploiement militaire français n’a pas mis fin aux méfaits des djihadistes. Il est rapidement apparu comme un soutien apporté à un régime corrompu, sans pour autant pouvoir garantir la sécurité de la population. Aujourd’hui, non seulement une grande partie des habitants du Mali vit dans la terreur, mais c’est aussi le cas dans les pays voisins comme le Burkina ou le Niger. Le ressentiment à l’encontre de ces régimes soutenus à bout de bras par la France et son armée alimente en nouvelles recrues des groupes djihadistes renaissant sans cesse de leurs cendres. Et si l’armée française a eu plusieurs dizaines de morts, ce sont des milliers de Maliens ou de Burkinabés qui sont tombés victimes des djihadistes, mais aussi des violences intercommunautaires tolérées, sinon attisées, par le gouvernement malien ou des exactions perpétrées par les armées nationales.

La situation arrive aujourd’hui à un tel chaos qu’au récent Forum de Dakar pour la paix et la sécurité en Afrique, où l’on n’a parlé que de guerre, de nombreux participants se sont inquiétés de la menace qui plane désormais sur des pays de l’Ouest africain comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Togo, où les intérêts de l’impérialisme français sont autrement plus importants qu’au Mali.

En Afrique, les militaires français ne meurent pas « pour la France », mais, comme le disait Anatole France, « pour les industriels », et cela dans une guerre sans issue.

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