Procès du Mediator : des experts achetés à prix d’or06/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2675.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès du Mediator : des experts achetés à prix d’or

La sixième semaine du procès du Mediator, qui se poursuit au tribunal de Paris, a été consacrée à l’audition de scientifiques appointés par le laboratoire Servier pour tenter de démontrer l’innocuité de ce médicament, retiré du marché en 2009 après avoir provoqué plus de 2 000 décès.

Pas moins de dix-sept experts internationaux ont été payés par Servier pour contrer ceux de la justice. Onze sont venus répéter à la barre, dans des termes techniques savants, que le Mediator, mis sur le marché comme antidiabétique mais souvent prescrit pour lutter contre l’obésité, n’avait rien à voir avec un anorexigène, un « coupe-faim ».

Ces scientifiques ont accepté de mettre leur notoriété et leur CV au service de Servier, ceci moyennant finances puisqu’ils ont demandé entre 400 et 600 euros de l’heure, recevant ainsi entre 25 000 et 300 000 euros chacun de rémunération ! De leur côté, les pouvoirs publics n’ont dépensé que 40 000 euros en expertises pour démontrer que le Mediator, classé parmi les amphétamines, avait de graves effets secondaires sur le fonctionnement du cœur. Et c’est bien de complications cardiaques que déjà plus de 2 000 personnes sont mortes.

Depuis les premières alarmes sur les dangers du Mediator, Servier a mobilisé tous ses soutiens au sein de l’appareil d’État et des organismes publics de contrôle. N’ayant pu éviter ce procès, le laboratoire achète aujourd’hui des experts pour noyer le poisson devant les juges. Il paie une armée d’avocats pour exploiter tous les ressorts des procédures. Ce sont les méthodes éprouvées des grands groupes capitalistes, de Total à Sanofi, pour éviter toute condamnation malgré leur responsabilité évidente dans des scandales sanitaires ou environnementaux. Elles sont rendues possibles par le fonctionnement même de la justice, conçue pour défendre la propriété privée et dont la complexité favorise toujours les puissants.

Pour combattre les crimes de ces grands groupes, les salariés, les malades ou les médecins ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C’est ce qu’a fait avec détermination Irène Frachon, la pneumologue qui a lancé l’alerte. Elle a trouvé l’aide décisive d’informaticiens, de médecins ou d’employés de la Sécurité sociale, ceux qui font fonctionner tout le système.

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