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Dans le monde
Chine : Macron champion de l’Europe, du roquefort et des parfums
Comme tous les voyages de ce type, celui de Macron en Chine, les 4 et 5 novembre, n’avait d’autre but que d’aider la brochette de grands patrons français, dont ceux d’Airbus, BNP Paribas, L’Oréal, LVMH ou de l’agroalimentaire, à décrocher de nouveaux contrats.
Depuis Shanghai, flanqué du commissaire européen à l’Agriculture et de la ministre allemande de la Recherche, Macron a appelé à « jouer franco-allemand et surtout européen », pour résister dans la guerre commerciale qui fait rage. En effet, face à la Chine et aux États-Unis, pays de la taille d’un continent et pourvus d’appareils d’État puissants, « chaque pays européen a ses forces, mais tous ont la même faiblesse : leur taille », ainsi que l’a formulé le patron de Suez.
Mais si le constat est partagé depuis longtemps, les puissances européennes restent congénitalement concurrentes. Chaque gouvernement défend avant tout les intérêts de ses grands groupes nationaux, qui pèsent par de multiples canaux sur le personnel politique de leur pays. Un patron français a ironisé sur le voyage solo de Merkel en septembre dernier en Chine. Mais Macron n’a pas fait mieux. S’il a emmené une ministre allemande, c’est le vin et le fromage français qu’il a fait déguster à Xi Jinping ; ce sont les contrats d’Orano (ex-Areva) ou de l’avionneur franco-italien ATR qu’il est venu faire avancer.
Comme la plupart des pays riches, la France importe plus de biens fabriqués en Chine, électroniques, électroménagers, textiles, etc., qu’elle ne lui vend de marchandises. Le déficit commercial de la France avec la Chine était de 29 milliards d’euros en 2018, quand celui de l’Allemagne n’était que de 13 milliards. La concurrence est aussi franco-allemande et le discours de Macron est un monument d’hypocrisie.
Outre l’aéronautique, le luxe représente une grande part des exportations françaises vers la Chine, en particulier vers Hongkong, paradis commercial des riches. Bernard Arnault et François Pinault, propriétaires de LVMH ou Kering, seraient furieux si Macron venait à froisser les dirigeants chinois en critiquant, même du bout des lèvres, la répression des jeunes manifestants de Hongkong ou les arrestations massives des opposants ouighours.
Heureusement, Emmanuel et Brigitte Macron ont été bien élevés : ils ont appris que, dans les réunions de famille, on n’aborde pas les sujets qui fâchent.