Otages : l’impérialisme alimente le terrorisme15/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2650.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Otages : l’impérialisme alimente le terrorisme

La mort des deux militaires français tués lors de la libération des otages enlevés au Bénin a été pour Macron l’occasion d’une débauche de tricolore. L’ hommage national organisé le 14 mai à Paris lui a surtout permis de se mettre en scène, lui, le chef des armées de l’impérialisme français.

On comprend aisément la douleur des familles et des proches de ces deux soldats. Il n’en reste pas moins que les enlèvements d’otages, et la mort que trouvent parfois les soldats envoyés pour les libérer, sont une des conséquences de la politique menée en Afrique, et dans le monde, au service des capitalistes français.

Le commando Hubert dans lequel ces soldats s’étaient engagés, et auquel Macron a longuement rendu hommage, a été depuis la Deuxième Guerre mondiale l’un des exécutants de cette politique sur le terrain : du débarquement à Suez en 1956, pour tenter de reprendre à l’Égypte le canal nationalisé par Nasser, à l’assaut donné en 1988 à la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, une attaque qui avait abouti à l’assassinat de douze militants indépendantistes. La présence de deux anciens présidents à la cérémonie d’hommage, Hollande et Sarkozy, symbolisait la continuité de cette politique par-delà les alternances. Ces dernières années, on a vu les troupes françaises et le commando Hubert envoyés en Libye, au Moyen-Orient ou en Afrique.

Des otages paient parfois de leur vie cette politique, ainsi que des militaires qui, eux, se sont engagés en connaissance de cause, prêts à tuer et à se faire tuer. Mais le terrorisme dont ils sont victimes naît et croît sur le terreau même créé par la politique de l’impérialisme français. L’intervention militaire occidentale en Libye il y a huit ans a non seulement livré ce pays et sa population à la loi de milices rivales, mais a été le prélude à la ruée des groupes djihadistes sur le nord du Mali. L’arrivée des troupes françaises dans ce pays en 2013, pour soutenir un gouvernement capable de protéger les mines d’uranium d’Areva au Niger voisin, n’a abouti qu’à l’extension du terrorisme jusqu’à des États qui en étaient préservés et qui ont été frappés à leur tour, comme le Burkina Faso. Les tueries et les enlèvements sont devenus le lot d’autres pays, comme le Sénégal ou maintenant le Bénin.

La zone fortement déconseillée aux touristes par le ministère s’étend, à l’image de la situation créée au fil des ans et des interventions françaises. Mais la population africaine, elle, paie cette situation au prix du sang. Ce sont des tueries comme celle qui est intervenue le 26 mars dernier dans un village peul du Mali et qui a fait 160 morts, des instituteurs enlevés chaque jour, des écoles brûlées, des routes où l’on ne peut circuler que la peur au ventre. Les chefs militaires français se félicitent régulièrement d’avoir annihilé certains groupes terroristes, mais n’osent plus dire qu’ils contrôlent tant soit peu la situation, ni même qu’ils ont un espoir d’y arriver, tant il est évident que de nouveaux terroristes remplacent ceux qui sont morts. Les troupes françaises apparaissent de plus en plus pour ce qu’elles sont : une garantie pour des régimes corrompus, qui laissent la population abandonnée, sans protection ni services de santé ou d’éducation dignes de ce nom.

Dans ce chaos généralisé, les deux militaires du commando Hubert sont certes morts pour sauver la vie des otages, mais ceux qui les ont envoyés au combat l’ont fait, pour reprendre la célèbre formule d’Anatole France, pour les industriels français.

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