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Leur société
Privatisation d’ADP : un référendum poudre aux yeux
Le Conseil constitutionnel a annoncé le 9 mai qu’il ne ferait pas obstacle à l’organisation d’un référendum d’initiative partagée (RIP) demandé par 218 parlementaires PS, PC, France insoumise, et de droite (LR) pour s’opposer à la privatisation complète du groupe ADP (Aéroports de Paris).
La tenue d’un tel référendum reste hypothétique, car la loi qui l’organise, prévue sous Sarkozy, exige dans les huit mois que 10 % du corps électoral, autrement dit plus de 4,7 millions de personnes, soutienne cette initiative sur Internet. En cas de réussite, chacune des deux Assemblées a encore la possibilité de l’enterrer durant six mois. Si la privatisation est repoussée, le plus probable est donc que cette procédure du RIP n’aboutisse finalement à rien.
Les députés qui sont à l’origine de cette demande le savent parfaitement. Leur véritable objectif se limite à trouver un terrain d’opposition de pure forme à Macron. Parmi ceux-ci, le député de droite Gilles Carrez a précisé qu’il ne s’agissait pas « de refuser quelque privatisation que ce soit ». Le groupe PC à l’Assemblée, lui, « fait partie de ceux qui appellent à des nationalisations ou à des renationalisations ».
Quel que soit leur discours actuel, les uns et les autres ont tous soutenu dans le passé des politiques de privatisation. C’est le gouvernement du socialiste Jospin, dans lequel siégeaient des ministres communistes, qui a lancé la privatisation d’Air France et des autoroutes. Revenue à la direction des affaires, la droite a continué les privatisations initiées par la gauche, ouvrant le capital d’ADP à des capitaux privés à partir de 2005. Aujourd’hui, Macron et son ministre Le Maire veulent leur livrer le reste pour une durée annoncée de 70 ans, et ils verraient bien le groupe du BTP Vinci, qui figure déjà parmi les actionnaires, monter au créneau.
Pour les députés qui sont à l’initiative de la mise en œuvre d’un référendum, il s’agit d’une opération politique destinée à leur permettre de se laver à bon compte de leur passé. Les travailleurs, qui ont toutes les raisons de s’opposer aux attaques qui se profilent derrière la privatisation, n’ont rien à attendre de ceux qui leur présentent ce hochet de référendum. Face aux appétits de Vinci et aux politiciens de tout bord qui servent le capital, ils devront compter sur leur propre capacité à se mobiliser et à mener la lutte pour défendre leurs emplois et leurs salaires.