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Leur société
Procès Balkany : un élu de haut vol
Le couple Balkany, Isabelle et Patrick, et quelques comparses sont poursuivis par la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires financières de haut vol. Les époux Balkany auraient soustrait au fisc 13 millions d’euros d’avoirs.
Isabelle Balkany ne veut voir dans l’affaire qu’un anodin « manquement fiscal », qui ne méritait pas de poursuites. Mais, après 36 ans de quasi-impunité, à part une petite condamnation qui obligea Patrick à quitter un temps la mairie de Levallois-Perret, ces poursuites sont peu de choses…
En 1983, Balkany, candidat du RPR gaulliste, s’emparait de la mairie de Levallois-Perret en battant le maire sortant, le communiste Parfait Jans. Grâce à sa mère qui possédait une boutique de lingerie face à l’Élysée et fournissait Claude Pompidou, Patrick avait fait son service militaire à l’Élysée et fréquenté les milieux RPR des Hauts-de-Seine, dont le grand patron était alors Charles Pasqua, homme des coups tordus du RPR. Balkany était proche de Sarkozy qui souffla la mairie de Neuilly à Pasqua qui la convoitait. Une nouvelle génération arrivait ainsi à la tête des Hauts-de-Seine, bénéficiant de puissants alliés avec les industriels du bâtiment, Francis Bouygues en tête. Aux uns revenaient les marchés de la construction, aux autres les commissions et dessous de table censés alimenter la caisse du parti, permettant de mener grand train et éventuellement de s’enrichir personnellement.
Ce système a fait la fortune des Balkany qui ont multiplié les biens immobiliers à Giverny, Saint-Martin ou Marrakech. Mais l’origine douteuse des biens nécessite quelques précautions. Pas de blanchiment sans un banquier ou un avocat, dit-on dans ce milieu. Les Balkany, comme d’autres, ont mis en place un système utilisant paradis fiscaux et hommes de paille pour brouiller les pistes.
Tandis qu’il se sucrait impunément pendant plus de trente ans, le maire de Levallois a transformé une ville populaire en quartier d’affaires et zone résidentielle haut de gamme. Le départ des usines Citroën, du Crédit lyonnais et d’une immense zone industrielle lui a permis d’inviter des patrons résidant à Neuilly à installer leur entreprise à deux pas de chez eux, ce qui a généré une pompe à finances fort efficace. Balkany n’a pas non plus oublié de s’assurer le soutien des électeurs de la ville, dont les couches populaires ont été progressivement expulsées, utilisant l’argent venant de la gestion des parkings pour s’assurer des sympathies.
Ce système a pu perdurer pendant des années, protégé par la complicité générale du monde politique et médiatique. Aujourd’hui tout de même, les Balkany finissent par être dans la ligne de mire de la justice. Il reste à savoir s’ils seront condamnés. En tout cas, le tribunal ne fera sûrement pas le procès d’un système qui assure au grand patronat que les hommes politiques en place leur réservent les marchés dont ils ont besoin. La prétendue moralisation de la vie politique n’y a rien changé : les grandes entreprises et les plus riches restent les mieux servis.