Algérie : “Une démocratie, pas une caserne !”15/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2650.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : “Une démocratie, pas une caserne !”

Dans toutes les villes d’Algérie, des manifestations d’ampleur ont continué d’exprimer le refus de la « transition démocratique » telle que voudrait l’imposer le chef de l’armée Gaïd Salah.

Le 10 mai, les manifestations ont eu la même ampleur que les vendredis précédents, malgré le soleil de plomb et la soif ressentie en ce mois de ramadan, le mois de jeûne respecté par une grande partie de la population. « Non à une dictature militaire, oui à une République démocratique », « Une démocratie pas une caserne ! » « Non à la mascarade électorale de Bensalah et Bedoui », « Gaïd Salah dégage ! » ont scandé les manifestants. Le rejet de l’élection présidentielle telle qu’elle doit être organisée le 4 juillet et le départ de Bedoui et Bensalah, le Premier ministre et le Président par intérim, ont fait l’unanimité dans les manifestations à travers le pays.

Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, a fait arrêter Saïd Bouteflika, frère de l’ex-président, ainsi que les généraux Mediène et Tartag, hommes tout-puissants du système. Il semble que Gaïd Salah n’ait pas apprécié qu’au lendemain de la démission de Bouteflika, certaines personnalités réunies autour de l’ex-Président Zeroual aient voulu préparer une transition sans lui. Ces arrestations ont pu impressionner mais ont rapidement été perçues comme l’expression d’un règlement de comptes entre les différents clans au pouvoir depuis des décennies.

Les trois hommes ont été placés sous mandat de dépôt par le tribunal militaire de Blida, et inculpés pour atteinte à l’autorité de l’armée et complot contre l’autorité de l’État. Des généraux ont été limogés et au moins deux autres auraient fui le pays de peur d’être arrêtés, ce qui montre que les batailles de clans ont lieu au sein même de l’armée, colonne vertébrale du régime.

Le chef de l’armée tente par tous les moyens d’imposer sa transition, qui consiste en fait à vouloir préserver un système dont il est un des piliers. Les travailleurs et les classes populaires voient la manœuvre et s’y opposent. Ils continuent de vouloir que « le système dégage » et cherchent le moyen d’y parvenir en maintenant la mobilisation populaire. Dans de nombreuses entreprises privées et publiques des grèves ont éclaté. Contenu de la transition démocratique, revendications salariales, droit de choisir son syndicat et ses délégués, rejet de directions autoritaires, tous les sujets sont mis à l’ordre du jour.

En s’organisant, en élisant leurs représentants, en créant leurs propres comités, les travailleurs peuvent prendre conscience de leur force et du rôle qu’ils ont à jouer, car ce sont eux qui peuvent faire que le Hirak – le mouvement – ouvre de véritables perspectives de changement social et politique.

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