Ikea : une réorganisation et des attaques redoublées15/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2650.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ikea : une réorganisation et des attaques redoublées

Le 6 mai, l’enseigne Ikea a ouvert en plein Paris un magasin dit de nouvelle génération, plus petit et qui n’expose qu’une part restreinte des produits du catalogue, tout en proposant des livraisons payantes pour les autres produits.

Ce magasin de la place de la Madeleine est le 34e en France, mais surtout c’est le premier à ouvrir dans Paris intra-muros. La direction parle d’un « nouveau chapitre pour l’enseigne, afin d’être plus pratique et accessible pour le plus grand nombre ». En effet ce magasin fait 5 400 m², répartis sur deux niveaux, et non pas 30 000 à 40 000 m², comme la plupart des autres magasins, et ne cherche pas à retenir ses clients des heures dans un showroom en forme de labyrinthe.

Mais, derrière ces annonces publicitaires, Ikea a surtout pour objectif de réduire considérablement ses coûts. La société a annoncé une restructuration concernant 7 500 postes dans le monde, qui ne se traduit pour le moment que par la suppression de 129 postes RH en France. Mais nul doute que les attaques risquent bien de se succéder, notamment dans le Centre de support client à Evry, la plateforme téléphonique qui assure le service après-vente et dont la direction n’a pas écarté l’idée de le vendre à la sous-traitance.

De fait, toute la stratégie de la direction est de diminuer les coûts internes et d’externaliser les activités qu’elle ne trouve pas directement rentables.

Mais c’est surtout sur le personnel qu’elle compte faire ses principales économies, embauchant allègrement à temps partiel, ne payant pas les heures de formation et imposant la polyvalence, sous le vocable « d’expérience client », à des employés obligés d’occuper tous les postes au gré des besoins.

Ce n’est pourtant pas qu’Ikea fasse des mauvais résultats : son chiffre d’affaires est en forte augmentation dans le monde. En France, il a augmenté de 16 % entre 2013 et 2018, passant de 2,43 à 2,83 milliards d’euros, entre autres par l’ouverture de quatre magasins à Clermont-Ferrand, Mulhouse, Bayonne et Orléans, cela alors qu’aucune augmentation d’effectif n’a été constatée au cours de cette période. Les profits ne sont pas en reste, Ikea a même annoncé une « année incroyable » en 2018, avec une augmentation conséquente de ses ventes et une hausse spectaculaire de fréquentation sur son site internet. En outre, l’entreprise a reçu 68,1 millions d’euros au titre du CICE sur la période allant de 2013 à 2018.

La politique de la direction d’Ikea, comme celle de toutes les enseignes de la grande distribution, consiste à réorganiser ses magasins pour les rendre plus rentables, à utiliser à plein les sites marchands pour pouvoir, dans tous les magasins de son enseigne, surexploiter les salariés et leur imposer des horaires à rallonge et des salaires de plus en plus bas.

Cette politique n’est pas décidée à l’échelle d’un magasin, ni même d’un groupe, mais à l’échelle de toute l’enseigne, c’est-à-dire dans les 367 magasins répartis dans le monde. Autant dire qu’une réponse coordonnée aux attaques de la direction s’impose.

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