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Syrie : sept ans de guerre civile
Les forces du régime syrien et l’aviation russe ont bombardé dès le 8 septembre les secteurs d’Idlib et de Hama et se préparent à lancer une offensive terrestre d’ampleur contre cette région du nord-ouest de la Syrie, située près de la frontière turque.
C’est dans la province d’Idlib que, depuis 2015, se sont regroupés une grande partie des djihadistes opposés au régime. On y retrouve des djihadistes syriens ayant des liens avec al-Qaïda, et d’autres venus notamment d’Ouzbékistan, de Tchétchénie ou de la région autonome ouïgoure de Chine. Beaucoup ont rallié le groupe État islamique, avant de chercher une autre étiquette, d’autres sont restés au sein d’al-Qaïda et du groupe Hayat Tahrir al-Cham, son ancienne filiale syrienne formée d’anciens membres du Front al-Nosra, qui contrôlerait 60 % d’Idlib. Mais dans cette province vivent surtout quelque trois millions d’hommes, de femmes et d’enfants, pour moitié des civils déplacés suite aux combats qui ont eu lieu dans d’autres régions de la Syrie. 30 000 civils se seraient déjà enfuis vers la Turquie. Des dizaines de milliers d’autres pourraient suivre le même chemin si les combats s’intensifiaient.
Une réunion s’est tenue vendredi 7 septembre entre, d’un côté, les représentants de la Russie et de l’Iran, alliés du régime d’Assad, et de l’autre ceux de la Turquie, qui appuie de nombreux groupes djihadistes dits « rebelles ». Le réel contenu de ces tractations est resté secret. Mais une chose est sûre, le sort des civils n’était pas le principal sujet. Et comme lors des précédents combats à Alep, Deraa ou dans la Ghouta orientale, des centaines de milliers de civils seront pris en étau entre les bombardements des armées syrienne et russe, et les exactions des djihadistes prêts à en découdre jusqu’au bout.
Idlib n’est en fait que le dernier combat de sept années d’une guerre opposant le régime de Bachar al-Assad à une multitude de groupes djihadistes financés directement ou indirectement par les pays impérialistes ou les puissances régionales qui leur sont alliées, comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie. Au lendemain des manifestations contre le régime de mars 2011, l’impérialisme américain a sans doute vu une occasion de se débarrasser du régime d’Assad, par trop indépendant à ses yeux. Les États-Unis, mais aussi la France et la Grande-Bretagne, ont donc laissé les groupes djihadistes se renforcer, voire les ont armés, s’appuyant sur certains d’entre eux directement ou par puissance régionale interposée. Ceux qui, en Syrie, avaient espéré une évolution démocratique du régime ont ainsi vu se multiplier des groupes armés se disputant le territoire, au comportement plus barbare les uns que les autres.
La reconquête de la région d’Idlib par le régime est peut-être l’épilogue d’une terrible guerre civile qui laisse derrière elle un pays dévasté, déserté par des millions de femmes et d’hommes qui ont cherché refuge ailleurs. C’est le triste bilan de la répression du régime d’Assad. Mais il a été bien aidé par les calculs sordides des dirigeants des grandes puissances, à commencer par ceux des puissances occidentales qui ne vont pas manquer de protester au nom des souffrances d’un peuple qu’ils ont eux-mêmes enfoncé dans une situation sans issue.